Bangladesh: une banque confirme l’éviction du prix Nobel Yunus de deux entreprises

A.K.M Saiful Majid, chairman of the Grameen Bank, speaks during a news conference to confirm that founder and Nobel peace laureate Muhammad Yunus has been ousted from two other businesses he founded

Dacca (AFP) - Une banque du Bangladesh a confirmé samedi avoir évincé le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus de deux entreprises qu'il avait créées, quelques semaines après une condamnation à de la prison ferme (suspendue par un appel).

Muhammad Yunus, 83 ans, s'est fait un nom en sortant des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque pionnière dans le microcrédit, la Grameen Bank. Mais il s'est brouillé avec la Première ministre Sheikh Hasina qui l'a accusé de "sucer le sang" des pauvres.

Le gouvernement l'avait notamment forcé à démissionner de la Grameen Bank en 2011, le laissant néanmoins gérer des dizaines de sociétés de lutte contre la pauvreté qu'il a également fondées.

C'est l'actuel président de Grameen Bank qui a confirmé confirmé samedi que son conseil d'administration avait nommé de nouveaux dirigeants à la tête d'au moins deux entreprises contrôlées par Yunus.

Le conseiller juridique en chef de Grameen Bank, Masud Akhter, a annoncé dans un communiqué que Saiful Majid était désormais président de Grameen Telecom et Grameen Kalyan.

M. Majid a pour sa part expliqué à la presse que ce "sont des filiales de la Grameen Bank", Muhammad Yunus et ses proches n'étant "pas propriétaires des entreprises".

Grameen Telecom, au départ créée pour offrir des services de téléphonie mobile bon marché dans les zones rurales, est l'une des entreprises les plus riches du Bangladesh, et détient 34% du premier réseau de téléphonie mobile du pays.

Muhammad Yunus avait dénoncé jeudi dernier lors d'une conférence de presse le fait qu'un groupe de "personnes extérieures" avait fait irruption dans un immeuble abritant plusieurs de ses sociétés et avait pris le contrôle des bureaux, refusant l'accès au personnel.

Il avait estimé qu'il n'existait aucune base juridique pour cette éviction, contre laquelle il n'avait pas pu porter plainte.

La popularité de Muhammad Yunus en fait depuis des années un rival potentiel de Mme Hasina, réélue pour un cinquième mandat le mois dernier lors d'un scrutin boycotté par les partis d'opposition.

Ses opposants accusent les tribunaux du Bangladesh d'approuver les yeux fermés les décisions du gouvernement de Mme Hasina.

Muhammad Yunus et trois responsables de Grameen Telecom avaient été condamnés début janvier à six mois de prison pour avoir enfreint le droit du travail en n'ayant pas créé de fonds de prévoyance, une affaire qui a soulevé les critiques des défenseurs de droits de l'homme.

Les quatre mis en cause, qui ont fait appel et restent en liberté sous caution, rejettent ces accusations.

M. Yunus fait l'objet de plus d'une centaine d'autres accusations concernant des violations supposées du droit du travail et des allégations de corruption.

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