A Bucarest, les conservateurs européens intronisent Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (g) et la présidente moldave Maia Sandu, à l'ouverture du congrès du Parti populaire européen (PPE) à Bucarest, le 6 mars 2024 en Roumanie

By Ani SANDU

Bucarest (AFP) - La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit recevoir jeudi l'aval de sa famille politique conservatrice réunie à Bucarest, nouvelle étape sur sa route vers un second mandat.

La campagne est lancée: quelque 1.500 représentants du Parti populaire européen (PPE) - eurodéputés, patrons de partis et pas moins de 12 chefs d'Etat ou de gouvernement de l'UE - participent au Congrès s'apprêtant à entériner formellement la candidature de l'Allemande de 65 ans.

Après un mandat secoué par les turbulences, du Covid-19 à la guerre en Ukraine, l'ex-ministre de la Défense veut rester le visage de l'UE jusqu'en 2029.

"Notre Europe pacifique et unie est défiée comme jamais. Par les populistes, les nationalistes, les démagogues. Qu'il s'agisse de l'extrême droite ou de l'extrême gauche", a lancé Mme von der Leyen à la tribune. "Leur but est le même: piétiner nos valeurs et détruire notre Europe. Et nous, le PPE, ne laisserons jamais cela se produire".

Son compatriote Manfred Weber, le président du groupe PPE au Parlement, n'a aucun doute: Ursula von der Leyen va être "soutenue par l'immense majorité des membres", a-t-il assuré, saluant "une dirigeante solide". Avec elle aux commandes, l'Europe est "entre de bonnes mains".

Le résultat du vote, qui se déroule à bulletins secrets, sera connu vers 12H30 (10H30 GMT).

\- 'Large soutien' -

Première force politique du Parlement, le PPE fait figure de favori des élections européennes prévues du 6 au 9 juin et affiche sa puissance dans la capitale roumaine, sous la houlette du président Klaus Iohannis, avec la présence du Premier ministre polonais Donald Tusk, de ses homologues grec Kyriakos Mitsotakis et suédois Ulf Kristersson,ou de la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.

Le scrutin européen débouchera sur un renouvellement des dirigeants des principales institutions de l'UE, dont celui de la Commission, qui doit refléter l'équilibre politique issu des urnes.

Au sein du PPE, Ursula von der Leyen "bénéficie d'un large soutien et son bilan lui confère une image positive", commente Thierry Chopin, conseiller spécial de l'Institut Jacques Delors et professeur invité au Collège d'Europe (Bruges).

Première femme à occuper ce poste, elle a su manoeuvrer "face aux crises, malgré des positionnements parfois clivants" en politique extérieure, sur la Chine et le Proche-Orient notamment, dit-il à l'AFP.

Des opinions discordantes se font tout de même entendre, notamment du côté de la droite française qui dénonce "une forme de dérive technocratique mettant à mal nos agriculteurs".

En ligne de mire, le Pacte Vert, principal succès législatif de la présidente de la Commission, devenu un épouvantail pour le secteur mobilisé en masse ces dernières semaines à travers l'Europe.

\- Inflexion à droite -

Devant cette grogne et la montée des forces d'extrême droite dans les sondages, Ursula von der Leyen a opéré depuis quelque temps déjà un virage, mettant en sourdine les enjeux climatiques.

Autre inflexion nette, le PPE prône désormais un transfert des demandeurs d'asile vers des pays tiers face à la pression migratoire, dans son manifeste adopté au premier jour du Congrès.

"C'est nous, les Européens, qui décidons qui vient en Europe et dans quelles circonstances, et non les réseaux organisés de passeurs et trafiquants", a insisté la responsable.

"On observe qu'elle cherche les voix sur sa droite", note l'analyste, en se rapprochant notamment de la Première ministre italienne Giorgia Meloni (extrême droite) avec qui elle s'est par exemple affichée à Kiev pour les deux ans de l'invasion russe en Ukraine.

Investie par le Parlement à une très courte majorité en 2019, "elle sait qu'elle doit rassembler le plus de suffrages possibles pour s'assurer une majorité" si elle devait être choisie par les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres réunis au Conseil européen après les élections, souligne-t-il.

Deuxième groupe en nombre de sièges, les socialistes européens ont eux lancé leur offensive ce week-end à Rome avec pour tête d'affiche le Luxembourgeois Nicolas Schmit, insistant sur "l'importance" du scrutin face à la menace d'une vague "illibérale" dans les urnes.

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