Mort de Thomas à Crépol: 11 nouvelles interpellations dans la Drôme

Des fleurs déposées devant la salle des fêtes de Crépol, le 22 novembre 2023 dans la Drôme, où le jeune Thomas est décédé le 19 novembre 2023 après avoir été blessé d'un coup de couteau au cours d'un bal

Lyon (AFP) - Onze personnes ont été interpellées lundi par les gendarmes près de quatre mois après la mort du jeune Thomas, un lycéen poignardé lors d'une fête de village dans la Drôme, affaire qui a déjà conduit à neuf mises en examen.

Ce coup de filet a été mené dans le quartier populaire de la Monnaie à Romans-sur-Isère, dont sont issus certains des suspects déjà mis en examen après ce drame, survenu dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023 devant la salle des fêtes du village de Crépol.

Le parquet de Valence s'est refusé à communiquer à ce stade sur ces interpellations révélées par le Parisien puis confirmées à l'AFP de source proche du dossier.

Neuf jeunes suspects, dont trois mineurs, avaient déjà été mis en examen en novembre pour "meurtre en bande organisée", "tentatives de meurtre" ou "violences volontaires commises en réunion" dans le cadre de l'enquête ouverte à Valence après la mort du lycéen de 16 ans.

Lors de ses dernières communications, le parquet de Valence avait indiqué que les circonstances exactes du décès du jeune homme restaient à élucider, aucun des suspects ne reconnaissant lui avoir porté le coup mortel.

Face à la la mobilisation virulente de l'ultradroite autour de cette affaire, le procureur de Valence avait aussi préféré ne pas divulguer les identités des mis en examen - dont six ont été placés en détention préventive.

A ce stade, l'enquête a permis d'établir que le coup de couteau mortel avait été porté à l'extérieur de la salle des fêtes de Crépol qui accueillait environ 400 personnes pour le "bal de l'hiver" du village.

La soirée avait tourné à la "rixe", selon les mots du procureur de Valence, quand des jeunes non invités, certains jugés "hostiles" par les témoins, avaient été mêlés à une altercation à l'intérieur de la salle, avant des affrontements à l'extérieur.

Les jeunes venus d'ailleurs avaient porté des coups, certains des coups de couteaux et neuf des 104 témoins entendus par les gendarmes ont rapporté des propos hostiles "aux blancs", selon le parquet de Valence.

\- Narratif -

Appelés sur place, les pompiers avaient pris en charge dix-sept personnes, huit blessés dont quatre graves. Thomas, un lycéen de 16 ans, capitaine junior de l'équipe de rugby du RC de Romans Péage, était décédé sur la route de l'hôpital.

Son décès avait suscité une vive émotion dans son village et dans la ville voisine de Romans-sur-Isère où il étudiait. Parallèlement, l'ultradroite avait organisé de multiples actions sur le terrain pour dénoncer une "attaque" animée selon les identitaires par du "racisme anti-blanc" - un narratif plusieurs fois contredit par le parquet de Valence - , tandis que la droite et l'extrême droite menaient une campagne virulente sur les thème de l'insécurité et des dangers de l'immigration.

L'affaire avait pris de telles proportions que le gouvernement, par la voix de son porte-parole Olivier Véran puis de la Première ministre Elisabeth Borne, avait lancé un appel au calme.

L'enquête sur la mort du jeune Thomas s'est accompagnée de plusieurs investigations connexes, liées notamment aux actions violentes de l'ultradroite. Une dizaine d'hommes accusés d'avoir participé à un défilé cagoulé de l'ultradroite fin novembre à Romans ont été condamnés depuis à des peines de prison.

Le quartier de La Monnaie, où a eu lieu le coup de filet, est un des quartiers les plus pauvres de Romans et l'un des "plus difficiles" de la Drôme, selon des sources policières.

© Agence France-Presse