Venezuela: Nicolas Maduro candidat à un troisième mandat

Le président vénézuélien Nicolas Maduro, le 30 mai 2023 à Brasilia

Caracas (AFP) - L'annonce était attendue et Nicolas Maduro briguera bien un troisième mandat à la tête du Venezuela lors de la présidentielle du 28 juillet, son parti ayant décidé lundi de son investiture pour ce scrutin dont la légitimité est déjà en question.

"La base du PSUV a décidé que Nicolas Maduro était le candidat à la présidence, 4.240.032 personnes ont participé", a indiqué sur le réseau X Diosdado Cabello, vice-président du Parti socialiste du Venezuela et considéré comme le numéro 2 du pouvoir même s'il n'apparaît pas dans l'exécutif.

Elu une première fois en 2013 après la mort de l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013) dont il se dit l'héritier, M. Maduro a été réélu en 2018 lors d'un scrutin contesté et boycotté par l'opposition et dont plus de 60 pays, dont les Etats-unis et l'UE, n'ont pas reconnu la légitimité.

Depuis, une batterie de sanctions s'abattent sur le Venezuela et sur les dirigeants au pouvoir. Mais M. Maduro, 61 ans, a su se maintenir d'une main de fer malgré la grave crise économique que traverse le pays.

L'officialisation de sa candidature se faisait attendre depuis que l'autorité électorale vénézuélienne (CNE) a annoncé la semaine dernière la date de la présidentielle au 28 juillet, date de la naissance d'Hugo Chavez. Les candidatures pourront être officiellement déposées du 21 au 25 mars et la campagne électorale est prévue du 4 au 25 juillet.

M. Maduro multipliait les apparitions publiques ces dernières semaines.

\- Accord "bafoué" -

Gouvernement et opposition étaient convenus en octobre à la Barbade de l'organisation de ce scrutin au cours du second semestre 2024 en présence d'observateurs internationaux.

Mais cet accord, sous l'égide notamment de la Norvège, médiatrice dans les négociations, est depuis vigoureusement dénoncé par l'opposition qui accuse M. Maduro de ne pas l'avoir respecté. La légitimité du scrutin présidentiel est déjà en question.

Pour la Norvège, il est pourtant "fondamental" que s'applique l'accord de La Barbade.

Selon ses termes, il devait ouvrir à ceux "aspirant à se présenter" la possibilité de contester devant la justice leur inéligibilité. L'opposition espérait que cette procédure permettrait à sa championne, Maria Corina Machado, déclarée inéligible par la justice, de pouvoir finalement se présenter.

Mais la Cour suprême, accusée d'être aux ordres du pouvoir, a confirmé le 26 janvier l'inéligibilité de celle qui avait remporté haut la main en octobre la primaire de l'opposition vénézuélienne, recueillant plus de deux millions de voix et 92% des suffrages.

Pas d'élections "sans moi", avait lancé après sa condamnation à 15 ans d'inéligibilité Mme Machado pour avoir soutenu les sanctions américaines.

Elle persiste à vouloir se présenter et multiplie les déplacements. Mais la date de clôture des candidatures approche et elle pourrait être poussée à nommer un remplaçant.

Samedi, elle a dénoncé "le régime de Nicolas Maduro qui a kidnappé notre directeur de campagne de l'Etat de Barinas", portant à quatre le nombre de dirigeants de son parti détenus depuis janvier. Pour Mme Machado, cette nouvelle arrestation constitue "une nouvelle violation de l'accord de la Barbade déjà bafoué".

\- Opposition décapitée -

La décision de la Cour suprême d'écarter les champions de l'opposition, Mme Machado mais également Henrique Capriles deux fois ancien candidat à la présidence, a été vertement dénoncée par Washington, l'UE et plusieurs pays d'Amérique du Sud.

Dans la foulée, les Etats-Unis ont annoncé réactiver les sanctions contre le secteur pétrolier et gazier du Venezuela, suspendues pour six mois dans le sillage de l'accord de La Barbade.

Caracas, qui a Moscou pour allié, a aussitôt dénoncé le "chantage" américain. Nicolas Maduro a exprimé à maintes reprises son soutien au chef de l'Etat russe Vladimir Poutine avant et après le début de la guerre en Ukraine.

D'autres candidats, très éloignés de l'opposition qui les qualifie de "collaborateurs", ont également annoncé leur intention de se présenter. Ce qui, selon les analystes, vise à diviser le vote anti-Maduro.

L'Union européenne, un panel d'expert des Nations unies et du Centre Carter basé aux Etats-Unis, la Communauté des Etats latino-américains et caribéens (CELAC), le bloc des pays émergents (Brics), la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ou encore l'Union africaine ont été invités en tant qu'observateurs au scrutin présidentiel.

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