Ski: la descente de Saalbach annulée, pas d'explication finale entre Odermatt et Sarrazin

Le skieur suisse Marco Odermatt, vainqueur du petit globe mondial de la descente, le 24 mars 2024 à Saalbach (Autriche)

By Valentine GRAVELEAU

Saalbach (Autriche) (AFP) - Malgré les tentatives de repousser jusqu'au bout la course, la dernière descente de la Coupe du monde de ski a été annulée dimanche à Saalbach en Autriche, privant le public d'un dernier duel très attendu entre le Français Cyprien Sarrazin et le Suisse Marco Odermatt, qui remporte le globe mondial de la spécialité.

Les deux skieurs, qui n'avaient jamais gagné dans la discipline reine du ski à l'entame de l'hiver, se sont partagés les victoires les plus prestigieuses du circuit cette saison.

Et avec seulement 42 points de retard sur le Suisse, le skieur du Dévoluy pouvait espérer revenir sur son rival dimanche à Saalbach pour pourquoi pas décrocher à 29 ans son premier globe.

Mais comme trop souvent cet hiver, la météo en a décidé autrement. Après les températures printanières et le grand soleil vendredi et samedi matin, c'est la pluie puis la neige qui a recouvert dès samedi après-midi le ciel de la petite station autrichienne qui accueillera les championnats du monde en 2025.

Dans ces conditions, et avec des rafales de vent impressionnantes en haut du tracé, les organisateurs ont dû se résigner après avoir tenté de reporter trois fois le départ à annuler la course.

"En raison des conditions météo actuelles avec le vent et les chutes de neige affectant la piste, et pour assurer la sécurité des athlètes, l'organisation a décidé d'annuler la course", a indiqué à la mi-journée la Fédération internationale de ski.

\- "On s'est poussés mutuellement" -

Faute d'ultime confrontation, c'est Odermatt qui remporte devant Sarrazin son premier globe en descente, après avoir déjà remporté cet hiver celui du général, du géant et du super-G.

Le génie suisse de 26 ans devient ainsi le premier homme depuis 2001 et l'Autrichien Hermann Maier à remporter quatre globes en un seul hiver.

"Tout le monde est mitigé", a toutefois réagi Odermatt dimanche. "On a parlé avec Cyprien et on s'est dit que c'était mieux ainsi qu'une course inéquitable."

"Ca a été une saison folle (...) On a eu une formidable bataille, avec un peu de chance de mon côté aujourd'hui, mais ça me rend extrêmement heureux et fier."

Entre fin décembre et fin janvier, "Odi" et "Cyp" se sont partagés les premières places des descentes les plus mythiques du circuit (Bormio et doublé à Kitzbühel pour Sarrazin, doublé à Wengen pour Odermatt).

Et après de longues semaines éloignés des pistes à cause d'une chute à l'entraînement à Kvitfjell (Norvège) mi-février, le Français pouvait espérer une remontada dimanche, d'autant qu'il avait montré lors de son retour à la compétition vendredi qu'il était toujours très en forme (4e du super-G juste devant Odermatt 5e).

"Marco dit que c'est bizarre pour lui de gagner sans avoir fait cette course, je lui ai répondu que ça faisait partie du jeu. On s'est poussés mutuellement, on a élevé notre niveau", a estimé Sarrazin dimanche, se disant "soulagé" que la saison se termine et que "la pression retombe".

Rivaux sur les skis mais très amis hors des pistes - ils n'hésitent pas célébrer ensemble jusqu'au bout de la nuit leurs succès respectifs -, les deux skieurs ont décidé après l'annonce de l'annulation dimanche de descendre ensemble la piste de Saalbach pour marquer la fin de l'hiver.

\- Des annulations en série -

La Coupe du monde masculine se termine donc comme elle avait commencé il y a cinq mois à Sölden en Autriche: par une annulation.

La saison a été rythmée tout l'hiver par les annulations en raison des aléas météo (trop de neige, puis pas assez, trop de vent...), suscitant des critiques et des interrogations sur le calendrier des courses.

Au total, 21 courses (13 chez les hommes, 8 chez les femmes) ont été annulées, en grande majorité des épreuves de vitesse. Seules cinq des courses annulées ont pu être reprises pendant la saison.

Dimanche, "on a eu bon espoir mais on savait aussi que le vent allait monter crescendo", a affirmé le directeur de l'équipe de France hommes, Frédéric Perrin.

"C'est pas ça qu'il faut remettre en cause. Ce qu'il faut remettre en cause, peut-être, c'est qu'on se doit de tout faire pour que le combat puisse avoir lieu", a-t-il estimé en regrettant que le règlement de la FIS interdise de déplacer les finales alors que la météo était plus clémente samedi.

"Sinon on reste sur notre faim et le sport en pâtit un peu", a-t-il ajouté.

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