La Corée du Nord annonce qu'elle rejettera tout contact ou négociations avec le Japon

Photo diffusée le 14 août 2022 par l'agence nord-coréenne Kcna de Kim Yo Jong, la soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, lors de l'Assemblée générale nationale de prévention des urgences, le 10 août 2022 à Pyongyang

Séoul (AFP) - L'influente soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, Kim Yo Jong, a annoncé mardi le rejet par Pyongyang de "tout contact ou négociations" avec Tokyo, un jour après avoir affirmé que le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, avait réclamé un sommet avec son frère, selon l'agence d'Etat KCNA.

"Notre gouvernement a clairement compris l'attitude du Japon, et nous refusons tout contact ou négociations avec la partie japonaise", a indiqué Kim Yo Jong dans un communiqué publié par KCNA.

Lundi, elle avait assuré dans une autre déclaration relayée par KCNA que M. Kishida avait demandé la tenue d'un sommet avec Kim Jong Un, jugeant toutefois qu'une telle rencontre était improbable sans un changement de politique du côté de Tokyo.

Mardi, Kim Yo Jong a dénoncé le manque de "courage" du Japon pour ouvrir de "nouvelles" relations avec la Corée du Nord, estimant qu'un éventuel sommet était "sans intérêt".

M. Kishida a lui dit lundi ne pas être au courant de l'existence du communiqué de KCNA à propos d'une demande de rencontre de sa part et n'a pas commenté directement son contenu.

Il a cependant souligné qu'il "est important d'avoir des discussions au sommet, pour résoudre des contentieux comme celui des enlèvements" de citoyens japonais par Pyongyang dans les années 1970-80.

En 2023, M. Kishida avait souhaité rencontrer Kim Jong Un "sans conditions", assurant que Tokyo avait la volonté de résoudre tous les problèmes, tels que celui des kidnappings qui reste une blessure profonde pour les Japonais.

Les relations sont toujours tendues entre les deux pays, qui n'ont pas de liens diplomatiques formels.

-"Questions irréalisables"-

Kim Yo Jong a prévenu que si le Japon restait "focalisé sur les enlèvements, problème qui n'a plus de solution", l'apaisement des tensions voulu par Fumio Kishida ne se matérialiserait pas.

Pyongyang a admis en 2002 l'enlèvement de 13 Japonais dans les années 1970 et 1980 pour former ses espions à la langue et la culture japonaises. Un mois après ces aveux, cinq ont été autorisés à rentrer au Japon.

Mais Tokyo recense au moins 17 kidnappés, et soupçonne des dizaines d'autres disparitions d'être le fait des services nord-coréens.

Le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi a indiqué à des journalistes lundi que l'affirmation de la Corée du Nord selon laquelle "la question des enlèvements a déjà été résolue" est "totalement inacceptable".

Kim Yo Jong a réagi en dénonçant l'attitude du Japon "qui s'accroche à des questions irréalisables qui ne pourront jamais être réglées" et qui "n'a pas le courage de changer l'histoire, de promouvoir la paix et la stabilité dans la région et de faire le premier pas pour instaurer de nouvelles relations" entre les deux pays.

Selon les analystes, le brusque revirement de la Corée du Nord pourrait être un stratagème de négociation destiné à "renforcer l'effet de levier" lors de futurs pourparlers.

"La Corée du Nord cherche à explorer des pistes économiques en améliorant ses relations avec le Japon", a déclaré à l'AFP Ahn Chan-il, un transfuge devenu chercheur qui dirige l'Institut mondial d'études sur la Corée du Nord.

Mais Kim Yo Jong a qualifié l'ensemble de l'action de Kishida de "politiquement motivée" et a déclaré que Pyongyang ne s'y engagerait plus.

"C'est la partie japonaise qui a frappé en premier à la porte en demandant un sommet (..) sans conditions préalables, et la Corée du Nord n'a fait que clarifier sa position" en disant qu'elle accueillerait le Japon "s'il est prêt à prendre un nouveau départ, sans être obsédé par le passé", a-t-elle ajouté.

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