A Hualien, épicentre du séisme à Taïwan, des habitants récupèrent les restes d'une vie

Un couple transportant une machine à laver, extraite d'un bâtiment partiellement endommagé par le séisme du 3 avril 2024 dans la ville de Hualien, à Taïwan

By Yan ZHAO and I-Hwa CHENG

Hualien (Taïwan) (AFP) - Casques de protection sur la tête, sacs à dos sur les épaules, des habitants d'un immeuble qui menace de s'effondrer à Hualien, épicentre du pire séisme enregistré à Taïwan depuis 25 ans, se précipitent à l'intérieur pour récupérer leurs biens à la va-vite.

"Vous avez 17 minutes, maintenant vous pouvez monter!" Au signal d'un haut-parleur, un petit groupe de personnes pénètre dans le bâtiment déclaré "dangereux et inhabitable".

Munis de lampes torches, ils se frayent un chemin à travers les débris du hall d'entrée. Du verre et du carrelage brisés jonchent le sol. Derrière la réception, un calendrier déchiré affiche toujours le 3 avril, jour du séisme.

Les habitants du bâtiment ont été autorisés vendredi à entrer par rotations de 15 à 18 minutes pour récupérer leurs affaires.

Certains jettent des matelas et des sacs de vêtements par la fenêtre, tandis qu'une jeune mère sort un lit pour son bébé de dix mois.

"On nous a dit que le bâtiment était devenu dangereux et qu'il n'y aurait probablement pas d'autre occasion de prendre nos affaires", explique Chen, une femme de 24 ans.

"Pendant le grand tremblement de terre (...) je ne pensais qu'à protéger mon bébé". "Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi grave".

Machines à laver, auto-cuiseur, ventilateur sur pied, les habitants ont sauvé tout ce qu'ils pouvaient dans le temps imparti.

\- Où s'installer? -

Wang Zhi-yu, une femme de 50 ans, vivait dans cet immeuble résidentiel depuis trois ans. Avec sa famille, elle était absente quand le séisme a frappé.

"Lorsque nous avons vu l'extérieur du bâtiment pour la première fois, nous n'avions aucune idée de ce à quoi ressemblait l'intérieur", explique-t-elle les larmes aux yeux.

"J'éprouve beaucoup d'émotion à l'égard de cet endroit parce que la zone est vraiment très agréable à vivre", poursuit-elle, ajoutant ne pas savoir où sa famille allait s'installer par la suite.

Même interrogation pour Chen, la jeune mère. "J'avais l'intention de retourner travailler, mais après le tremblement de terre, je ne sais pas si je dois retourner travailler ou rester avec mon bébé", s'interroge-t-elle.

Non loin du bâtiment de Chen et de Wang Zhi-yu, des ouvriers ont commencé à démolir avec une grue le bâtiment "Uranus", qui s'est incliné à 45 degrés après le séisme, à la suite de l'effondrement d'une partie de son premier étage.

\- Pris au piège -

Bâtiments penchés, tunnels affaissés, glissements de terrain, le séisme de magnitude 7,4 a provoqué d'importants dégâts dans la région montagneuse de Hualien, son épicentre.

Le bilan a été établi à 13 morts samedi, six disparus et plus d'un millier de blessés.

Des centaines d'autres personnes étaient encore piégées samedi. Des hélicoptères ont multiplié les rotations pour mettre à l'abri des touristes bloqués par des éboulements dans le parc national de Taroko qui attire les randonneurs pour ses gorges profondes.

D'autres personnes bloquées dans un hôtel de luxe inaccessible par la route ont aussi été évacuées.

"Priorité est donnée aux personnes âgées et fragiles, aux femmes, aux enfants et aux personnes souffrant de maladies chroniques", a annoncé samedi le site d'informations taïwanais ET Today.

"Même si tous étaient fatigués à leur retour de la montagne, tous affichaient le sourire", selon le même site.

Les sauveteurs ont largué par hélicoptère de la nourriture pour des personnes réfugiées dans une école élémentaire isolée.

Le tremblement de terre de mercredi est le plus important qu'ait connu Taïwan depuis un séisme de magnitude 7,6 en 1999, qui avait fait 2.400 morts.

Une réglementation stricte de la construction, avec un renforcement des normes sismiques ces dernières années, et une large sensibilisation du public aux catastrophes naturelles ont contribué à limiter l'impact du séisme de mercredi à Taïwan.

Mais 84 bâtiments ont été "gravement endommagés", selon un rapport préliminaire du Centre national de recherche sur le génie sismique publié vendredi.

© Agence France-Presse