Attaque sanglante d'un fourgon pénitentiaire: les enquêteurs sur la trace des fugitifs

Des enquêteurs sur les lieux de l'attaque contre un fourgon pénitentiaire, à Incarville, dans l'Eure, le 14 mai 2024

Rennes (AFP) - "Nous vous traquons", a prévenu Gabriel Attal. Près de 48 heures après l'attaque spectaculaire contre un fourgon pénitentiaire, qui a fait deux morts et trois blessés graves parmi les agents, policiers et gendarmes tentaient jeudi de remonter la piste du détenu évadé et de ses complices.

"L'enquête progresse" et mobilise des "moyens massifs", a assuré mercredi après-midi le Premier ministre devant l'Assemblée nationale, répétant une nouvelle fois aux auteurs de ces crimes sanglants: "nous vous retrouverons et nous vous punirons".

La traque s'organise aussi hors des frontières, avec une "notice rouge" émise par Interpol à la demande des autorités françaises pour localiser le fugitif, Mohamed Amra.

Choqués par le meurtre de deux de leurs collègues, les agents de l'administration pénitentiaire ont de leur côté appelé à poursuivre jeudi le mouvement de blocage des établissements entamé la veille, pour "maintenir la pression" sur le gouvernement.

A Caen, où étaient basées les deux victimes de l'attaque mardi dans l'Eure, une quarantaine du personnel de l'équipe de jour étaient rassemblés vers 6H30 dans la cour d'honneur du centre pénitentiaire autour de palettes, a constaté l'AFP.

"Le mouvement est reconduit, il y aura une discussion entre les instances nationales et locales des syndicats" pour la discuter de la suite du mouvement, a déclaré à l'AFP le secrétaire régional UFAP-Justice.

Les représentants syndicaux, qui ont été reçus mercredi à Paris par le ministre de la Justice, se sont félicités de l'ouverture du dialogue sur certaines de leurs revendications.

"Un certain nombre d'engagements vont être pris rapidement" par le ministère, notamment pour améliorer l'armement des agents lors des transferts, et pour limiter ces transferts en développant les auditions judiciaires en visioconférence, a déclaré Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO Justice, à l'issue de la rencontre avec Eric Dupond-Moretti.

Mais ils réclamaient un document écrit, sur lequel les agents seront consultés, avant de cesser leurs actions.

Mercredi dès l'aube, des centaines d'agents pénitentiaires avaient bloqué les mouvements de leurs établissements pour réclamer davantage de moyens, avant d'observer une minute de silence en mémoire des deux agents tués la veille au péage d'Incarville (Eure) par un commando lourdement armé.

Face à leurs assaillants, les agents n'avaient qu'"un simple Sig Sauer (une arme de poing, NDLR) contre des armes de guerre", s'est indigné Frédéric Liakhoff, secrétaire FO-Justice au centre pénitentiaire de Caen, où les deux victimes étaient basées.

Le détenu en fuite, Mohamed Amra, 30 ans, a été condamné à 13 reprises mais jamais "pour infraction à la législation sur les stupéfiants", a précisé la procureure de Paris, Laure Beccuau.

La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d'Evreux "pour un vol avec effraction" qui lui a valu 18 mois de prison. Il était toutefois en détention provisoire pour d'autres dossiers, dont une mise en examen par la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre le crime organisé) de Marseille dans un dossier d'enlèvement et assassinat en bande organisée.

Parmi les points de discussion entre syndicats pénitentiaires et ministère figure notamment la possibilité pour les agents assurant des transferts d'avoir accès très rapidement aux "fiches des détenus". Actuellement, "les collègues ne savent pas forcément qui ils transportent", a relevé le secrétaire général de FO Justice.

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