L'Ukraine affirme avoir mis un terme à l'offensive russe dans une ville clé du nord-est

Khrystyna Pyimak, 11 ans, serre dans ses bras sa mère Oksana Velychko, 42 ans, après avoir été évacuée de Vovchansk, en Ukraine, le dimanche 12 mai 2024. ©Evgeniy Maloletka/Copyright 2020 The AP. All rights reserved

Les tentatives russes pour prendre pied dans la ville de Vovchansk, qui est l'une des plus grandes villes de la région de Kharkiv, au nord-est de l'Ukraine, et qui comptait 17 000 habitants avant la guerre, "ont été déjouées", a déclaré l'état-major ukrainien dans son dernier rapport.

En citant les autorités ukrainiennes, Institute for the Study of War, un influent groupe de réflexion basé à Washington, rapporte que forces ukrainiennes stabilisent la situation le long de la frontière nord dans la région de Kharkiv et que le rythme des opérations offensives russes dans la région continue de diminuer.

Six personnes ont été blessées jeudi lors d'une attaque russe menée de jour sur Vovchansk à l'aide d'armes à sous-munitions, ont indiqué des responsables locaux, alors que des secouristes et des volontaires portaient secours aux personnes touchées par les tirs d'obus. Parmi les blessés se trouvaient deux médecins.

Les autorités ukrainiennes ont évacué quelque 8 000 civils de la ville. La tactique habituelle de l'armée russe consiste à réduire les villes et les villages à l'état de ruines par des frappes aériennes avant que ses unités n'entrent en action.

Vovchansk, situé à seulement 5 kilomètres de la frontière russe, a été un point chaud des combats de ces derniers jours. La Russie a lancé une offensive dans la région de Kharkiv à la fin de la semaine dernière, augmentant considérablement la pression sur les forces ukrainiennes en infériorité numérique et en manque d'armes, qui attendent des livraisons retardées d'armes et de munitions cruciales de la part de partenaires occidentaux.

La Russie a également testé les défenses ukrainiennes à d'autres endroits le long de la ligne de front d'environ 1 000 kilomètres qui serpente du nord au sud à travers l'est de l'Ukraine. Cette ligne n'a pratiquement pas changé au cours des 18 derniers mois dans ce qui est devenu une guerre d'usure. Les récentes attaques russes ont eu lieu dans la région orientale de Donetsk, ainsi que dans les régions de Tchernihiv et de Soumy au nord et dans la région méridionale de Zaporijia. L'objectif apparent est d'épuiser les ressources ukrainiennes et d'exploiter les faiblesses.

Les russes "incapables d'avancée majeure"

Le plus haut responsable militaire de l'OTAN estime que les forces armées russes sont incapables d'une avancée majeure.

"Nous ne croyons pas que les Russes disposent des effectifs nécessaires pour réaliser une percée stratégique", a déclaré à la presse le général américain Christopher Cavoli, commandant suprême des forces alliées en Europe de l'OTAN, à l'issue d'une réunion des hauts responsables militaires de l'organisation à Bruxelles.

"Plus précisément, ils n'ont pas les compétences et les capacités nécessaires pour le faire, pour opérer à l'échelle nécessaire afin d'exploiter toute percée à des fins stratégiques", a déclaré M. Cavoli.

Interrogé sur la possibilité que la Russie soit sur le point de lancer son offensive estivale anticipée, M. Cavoli a répondu que "nous ne pouvons jamais en être sûrs", mais il a ajouté que "ce que nous ne voyons pas, c'est un grand nombre de réserves qui sont générées quelque part" et qui seraient nécessaires pour une telle offensive.

L'Ukraine a tenté à plusieurs reprises de frapper derrière les lignes russes, souvent à l'aide de drones, bien que la réaction de la Russie à la nouvelle technologie utilisée dans les véhicules sans pilote se soit améliorée au cours des derniers mois.

Sébastopol attaquée et privée d'électricité

Par ailleurs, dans la nuit du 17 mai, la ville annexée de Sébastopol a fait l'objet d'une attaque massive de drones et de drones marins, rapporte Meduza.

Selon le ministère russe de la Défense, les systèmes de défense aérienne en service ont détruit et intercepté 51 drones au-dessus du territoire de la péninsule de Crimée, tandis que l'aviation navale et les patrouilleurs de la flotte russe de la mer Noire ont détruit et intercepté six "bateaux sans équipage" dans les eaux de la mer Noire.

La sous-station de Sébastopol a été endommagée lors de l'attaque de la nuit, privant partiellement la ville d'électricité, a déclaré le "gouverneur" installé par la Russie, Mykhaylo Razvozhayev.

Zelensky : la région de Kharkiv "sous contrôle"; Choïgou : offensive "se passe plutôt bien"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré ses principaux commandants militaires à Kharkiv jeudi et a déclaré que la région "est généralement sous contrôle". Il a toutefois reconnu sur les médias sociaux que la situation était "extrêmement difficile" et a indiqué que l'Ukraine renforçait à nouveau ses unités à Kharkiv. M. Zelensky a également rencontré des soldats blessés et a distribué des médailles.

"Nous voyons clairement comment l'occupant tente de distraire nos forces et de rendre notre travail de combat moins concentré", a-t-il déclaré lors de son allocution vidéo nocturne mercredi.

L'ancien ministre russe de la Défense et actuel chef du Conseil présidentiel de sécurité, Sergueï Choïgou, a insisté sur le fait que les troupes russes poursuivaient l'offensive dans de nombreuses directions et que "cela se passait plutôt bien".

"J'espère que nous continuerons à avancer. Nous disposons de certaines réserves à cette fin, en termes de personnel, d'équipement et de munitions", a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée.

L'Institute for the Study of War a calculé que les forces russes attaquant à Kharkiv n'ont pas progressé à plus de 8 kilomètres de la frontière commune.

Il estime que le principal objectif de Moscou à Kharkiv est de créer une "zone tampon" qui empêchera les frappes transfrontalières ukrainiennes sur la région russe voisine de Belgorod.

Blinken assure sur l'aide, Poutine soigne les arrières en Chine, l'OTAN songe d'envoyer des instructeurs en Ukraine

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, lors d'une visite de deux jours à Kyiv cette semaine, a cherché à rassurer l'Ukraine sur la poursuite du soutien américain. Il a annoncé un contrat d'armement de 2 milliards de dollars, la majeure partie de l'argent provenant d'un paquet approuvé le mois dernier.

Les responsables ukrainiens affirment que leurs besoins sont urgents et les partenaires occidentaux ont promis d'accélérer les livraisons de matériel militaire.

Le Danemark fait don de 5,6 milliards de couronnes supplémentaires (814 millions de dollars) à l'Ukraine, a déclaré jeudi le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, dont la moitié est destinée à des systèmes de défense antiaérienne.

L'état-major interarmées américain a admis la possibilité d'envoyer des instructeurs militaires de l'OTAN en Ukraine pour former les soldats ukrainiens, mais cela ne se fera pas dans un avenir proche, selon le New York Times qui cite le président du comité, le général Charles Brown.

S'adressant aux journalistes, le général a déclaré que l'envoi d'instructeurs en Ukraine "semble inévitable". "Avec le temps, nous y viendrons", a-t-il déclaré.

Entre-temps, le président russe Vladimir Poutine a cherché à consolider ses liens avec la Chine en effectuant une visite officielle à Pékin.

La Chine a soutenu diplomatiquement la Russie lors de son invasion de l'Ukraine et est désormais un important marché d'exportation pour le pétrole et le gaz russes. Moscou s'est également tourné vers Pékin pour des produits de haute technologie.

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