Nouvelle-Calédonie: Macron "a compris" qu'il ne fallait pas convoquer le Congrès "maintenant", dit la maire de Nouméa

Sonia Lagarde, lors d'une visite du président Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, Nouméa, le 26 juillet 2023

Paris (AFP) - Emmanuel Macron a "compris" qu'il ne fallait pas convoquer le congrès à Versailles dans l'immédiat et qu'une "pause" s'imposait pour un retour au calme en Nouvelle-Calédonie, a déclaré la maire (Renaissance) de Nouméa, Sonia Lagarde, dans un entretien au Monde publié lundi.

"Il ne faut pas que le président de la République convoque le Congrès à Versailles. Pas maintenant. Je pense que le président l'a compris", affirme Mme Lagarde au quotidien, alors qu'Emmanuel Macron a convoqué un nouveau Conseil de défense à 18H30 à Paris.

"C'est une chose qu'il a comprise, qu'il a déjà plus ou moins annoncée", poursuit Mme Lagarde, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, qui dit avoir été en contact avec lui.

"Je ne suis pas du tout d'accord pour qu'on y aille en force. Je crois qu'il faut de la sagesse et de la raison, et ces deux mots nous imposent aujourd'hui de faire une pause", ajoute-t-elle, demandant une mission de dialogue avec les indépendantistes et refusant "de signer un accord ou de cautionner un accord à la hâte".

Le territoire français du Pacifique sud est frappé depuis une semaine par des violences d'une ampleur inédite depuis 40 ans, en réaction à une réforme du corps électoral décriée par les indépendantistes.

Six personnes ont été tuées, et malgré l'arrivée de renforts massifs de forces de l'ordre, la situation reste très tendue sur place, où les dégradations et violences se poursuivent.

"Donnons-nous un peu de temps", prie encore la maire de Nouméa. "D'abord, pour que les choses se rétablissent, puis qu'on arrive à se remettre autour d'une table pour essayer de construire quelque chose", dit-elle. "De toute façon, nous n'avons plus le choix".

La réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux de Nouvelle-Calédonie, au risque de marginaliser "encore plus le peuple autochtone kanak", selon les indépendantistes. Elle a été adoptée par les députés, après les sénateurs, dans la nuit de mardi à mercredi dernier, et doit désormais faire l'objet d'une réunion des deux assemblées en Congrès avant la fin juin.

De la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, les voix se font chaque jour plus nombreuses pour réclamer un report.

En outre-mer, quatre présidents d'exécutifs (Réunion, Guadeloupe, Martinique, Guyane) ont exigé son "retrait immédiat" pour éviter "une guerre civile".

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