Dernier adieu des Marseillais à l'ancien maire Jean-Claude Gaudin

Des personnes signent un livre de condoléances près du portrait de l'ancien maire Jean-Claude Gaudin décédé, le 20 mai 2024 à la mairie de Marseille

By Fanny KYRIAKIDES

Marseille (AFP) - Les obsèques de Jean-Claude Gaudin, qui a dirigé Marseille pendant un quart de siècle, se dérouleront jeudi après-midi à la cathédrale de la Major, où plusieurs personnalités sont attendues pour rendre hommage à cette figure de la droite française.

La messe débutera à 15H00 dans cette église située non loin du Vieux-Port, face à la mer. L'ex-président de la République Nicolas Sarkozy (LR), le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons) ou le prince Albert II de Monaco sont attendus.

Le gouvernement sera représenté par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, et la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'Etat chargée de la Ville.

Le cortège partira à 14H00 de son quartier natal, Mazargues, dans le sud de la deuxième ville de France où des Marseillais avaient pu se recueillir mercredi dans une chapelle ardente dans la maison de l'ancien édile, victime d'une crise cardiaque lundi matin, à l'âge de 84 ans, dans sa résidence secondaire varoise de Saint-Zacharie.

Il fera ensuite un arrêt devant l'église de Mazargues qui sonnera le glas, puis prendra la direction de l'hôtel de ville où, selon les mots de l'actuel maire de gauche Benoît Payan, il "se consacra à cette ville" de 1995 à 2020.

Né d'un père maçon et d'une mère ouvrière dans une corderie, Jean-Claude Gaudin était devenu professeur d'histoire-géographie dans un collège privé, puis a aussi été sénateur et ministre, mais surtout maire de Marseille.

La cérémonie en hommage à ce fervent catholique sera présidée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. Elle sera suivie d'un enterrement au cimetière de Mazargues, où repose l'ex-homme d'affaires Bernard Tapie, décédé en 2021.

Mercredi, les anonymes ou anciens collaborateurs venus se recueillir devant le corps du défunt chez lui, dans une petite impasse de ce même quartier saluaient dans les registres de condoléances "une très belle personne qui s'est occupée de ses Marseillais".

\- Abandon -

Des personnes âgées en majorité se sont succédé dans ce salon agrémenté d'une bibliothèque fournie et décorée de toiles représentant diverses églises marseillaises, ainsi que les paysages des calanques toutes proches, où Jean-Claude Gaudin avait un cabanon.

Le soir, quelque 200 personnes ont participé, visages graves, à une veillée de prières autour du cercueil dans l'église de Mazargues où il avait été baptisé, en présence de son successeur à la mairie et du cardinal Aveline.

"C'était un homme remarquable, il va beaucoup nous manquer (...) je pense qu'il a fait passer sa vie pour les citoyens, avant la sienne", a expliqué Lulu Crimon, une habitante du quartier.

L'ex-ministre Jacques Toubon a lui tenu à souligner auprès de l'AFP "son rôle très important" dans les années 1980/1990 après l'élection du socialiste François Mitterrand: "Il a été un pilier de l'opposition, lui côté UDF, moi côté RPR", menant à la victoire de Jacques Chirac en 1995.

Mais ses opposants lui reprochent d'avoir abandonné les quartiers déshérités du nord de Marseille et laissé se délabrer une partie des écoles, qui bénéficient aujourd'hui d'un plan historique de rénovation.

Son dernier mandat a été marqué par la tragédie de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018, lorsque deux immeubles insalubres d'un quartier populaire du centre - dont un propriété de la Ville - se sont effondrés. Huit personnes sont mortes ensevelies.

La mairie avait été accusée d'avoir ignoré les alertes. L'onde de choc avait révélé l'ampleur du logement indigne dans une ville où 40.000 personnes vivent dans des taudis.

"Ça me hante chaque jour, en 24 ans je n'ai jamais connu un drame pareil", avait confié plus tard Jean-Claude Gaudin.

Moins de deux ans après l'effondrement de la rue d'Aubagne, alors que ses héritiers potentiels à droite étaient divisés, certains ayant rejoint Emmanuel Macron, une coalition gauche-écologistes-société civile avait remporté la mairie après des municipales à rebondissements.

© Agence France-Presse