"Tout s'écroule" : Ibiza est la dernière destination espagnole à se battre contre le surtourisme

Des touristes se promènent dans la station balnéaire de Magaluf, sur l'île espagnole de Majorque, aux Baléares, en Espagne, le jeudi 16 juillet 2020 au matin. ©AP Photo/Joan Mateu

Le tourisme prive les habitants de la possibilité de vivre à Ibiza, affirment des militants.

Des militants descendent dans la rue ce week-end pour protester contre ce qu'ils appellent les inconvénients du tourisme.

Selon Prou Ibiza ("Assez d'Ibiza" en catalan), les infirmières et les policiers doivent vivre dans des voitures et des caravanes parce que les logements sont inabordables, et des opérations et des traitements contre le cancer ont été retardés parce que les médecins n'ont pas les moyens de vivre sur l'île blanche.

Les militants demandent aux autorités de limiter le nombre de lits touristiques à Ibiza, l'une des stations balnéaires les plus populaires d'Espagne.

Ils manifesteront aujourd'hui devant les bureaux du gouvernement de l'île blanche. Des manifestations sont également prévues à Majorque et à Minorque au cours du week-end.

Nous ne sommes pas contre le tourisme lui-même

Rafael Jimenez, porte-parole de Prou Ibiza, est un policier local originaire d'Ibiza qui s'est installé en Aragon, sur le continent espagnol, après en avoir eu assez du tourisme de masse.

"Nous ne sommes pas contre le tourisme en soi. Nous n'avons rien contre les gens qui viennent respecter notre île", explique-t-il à Euronews Travel.

"L'un des effets secondaires du tourisme de masse est l'augmentation des prix de l'immobilier. Tout le monde a l'impression que tout s'écroule. Plus de restaurants nécessitent plus de travailleurs, mais ces travailleurs ont besoin d'un endroit où vivre et il y en a dix qui cherchent chaque endroit. Des infirmières et des policiers vivent dans des caravanes".

M. Jimenez a quitté Ibiza, où il avait vécu la majeure partie de sa vie, parce qu'il "ne supportait plus l'atmosphère".

"J'ai une maison à Ibiza. Mais je n'en pouvais plus. Nous avons l'impression que le tourisme s'empare des lieux publics. C'est très cher", a-t-il ajouté.

Les Espagnols font des allers-retours à Ibiza pour travailler

Karla Andrade, 36 ans, enseignante et mère de famille qui travaille à Ibiza, a déménagé à Palma de Majorque. Elle prend l'avion pour se rendre à Ibiza plutôt que de payer le loyer élevé de l'île.

Elle prend 40 vols par mois, se levant à 6 heures du matin pour prendre l'avion et se rendre à son travail.

"Je ne pourrais pas me permettre de vivre à Ibiza compte tenu du coût du logement", a-t-elle déclaré à Atena 3, une chaîne de télévision espagnole.

Iván Fidalgo, de l'association des gardes civils des îles Baléares, estime que la hausse du coût du logement nuit aux services publics.

"Ils vendent Ibiza comme une station balnéaire de première classe, mais ce n'est pas le cas, car il n'y a même pas de services publics parce qu'il n'y a pas assez de personnes pour y travailler", explique-t-il à Euronews Travel.

Les îles Baléares, qui ont attiré 17,8 millions de touristes l'année dernière, sont la deuxième destination la plus populaire d'Espagne après les îles Canaries.

Le tourisme crée 200 000 emplois localement et génère chaque année 16 milliards d'euros de revenus, soit 45 % du produit intérieur brut des îles.

Le tourisme de masse suscite un mécontentement croissant en Espagne

Ibiza n'est pas le premier endroit d'Espagne à s'opposer à la pression exercée par le nombre croissant de touristes.

À Tenerife, l'une des îles Canaries, les habitants seraient également contraints de dormir dans des voitures et des grottes, les logements étant pris d'assaut par les organisations touristiques.

Dans la ville côtière de Malaga, les habitants ont recouvert les murs et les portes d'autocollants portant des inscriptions telles que "rentre, p*tain, chez toi" (a tu puta casa) et "chlingue le touriste" (apestando a turista).

Dans l'une des destinations touristiques les plus populaires de Minorque, le mauvais comportement des touristes a conduit les habitants à restreindre les heures de visite.

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