Des polluants éternels dans des cours d’eau de 10 Etats membres de l’UE

PAN Europe évoque la présence de polluants éternels dans des eaux de surface et souterraines dans 10 pays de l'UE ©Jake May/Flint Journal

La Mehaigne est une rivière qui coule dans l’est de la Belgique avant de se jeter dans la Meuse. Mais c’est aussi est l'un des cours d'eau les plus pollué en TFA dans l'UE, selon une enquête menée par PAN Europe dans 10 Etats membres de l'Union (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, France, Allemagne, Autriche, Espagne, Croatie, Bulgarie, Suède).

Cette substance chimique appartient à la famille des PFAS et répond donc à la définition de polluant éternel. D'après les 23 échantillons réalisés dans des eaux de surface et souterraines, la Mehaigne est le troisième cours d'eau le plus pollué après l'Elbe et la Seine.

"On a affaire à des niveaux de contamination qui sont très élevés, qui sont peu surveillés. En fait, ce qu'on tend à mettre en évidence ici, c'est une contamination qui restait sous les radars et qui est surtout une contamination qu'on peut qualifier de généralisée", explique Salomé Roynel, chargée du plaidoyer pour PAN (Pesticide Action Network) Europe.

"Là, on est auprès d'un cours d'eau qui traverse une zone agricole, mais qui n'est pas, par exemple auprès de grands sites industriels qui pourraient susciter une contamination particulière", souligne-t-elle.

Pour l'ONG, ces TFA issus des pesticides ont des effets toxiques similaires à ceux des PFAS et entraîneraient des malformations prénatales. Elle réclame donc l'interdiction des sources de cette substance.

Cette question de la qualité de l'eau est l'un des thèmes de la Semaine verte européennequi se tient jusqu'à jeudi à Bruxelles. Pour le ministre bruxellois de la Transition climatique, qui préside jusqu'au 30 juin les réunions du Conseil de l'UE sur l'environnement, il n’y a qu’une seule réponse à la contamination aux polluants éternels.

"On doit s'orienter vers une sortie progressive de leur commercialisation. Très franchement, je ne vois pas comment on se débarrasserait des PFAS autrement qu'en arrêtant d'en produire dans la nature", assure Alain Maron.

Ces rencontres de Bruxelles sont l'occasion pour certains participants à appeler à une refonte de la gestion de l'eau à l'échelle européenne pour satisfaire l'ensemble des utilisateurs.

"Nous devons adopter une nouvelle approche de la gestion de l'écosystème de l'eau, je dirais, avec une nouvelle politique globale, car toutes les composantes de notre société, les citoyens, les agriculteurs et les industries ont des objectifs et des besoins différents, mais nous devons combiner la gestion de l'eau dans une approche unique", estime Pietro Francesco de Lotto du Comité économique et social européen.

Dans l'immédiat, PAN Europe souligne que les TFA sont des molécules trop petites pour être filtrées pour l’eau potable selon les techniques actuelles. L’ONG demande aussi des programmes de surveillance pour pouvoir mieux suivre et enquêter sur cette contamination.

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