Narcotrafic: le procès de l'ex-maire de Canteleu reprend à Bobigny

L'ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger arrive au tribunal de Bobigny, le 27 mai 2024

Bobigny (AFP) - Le procès de l'ex-maire de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger, jugée avec 18 autres prévenus pour un vaste trafic de drogue dans sa petite ville de Seine-Maritime, a de nouveau été suspendu lundi jusqu'à 14H00 par le tribunal correctionnel de Bobigny à la demande des avocats, après un premier faux départ à son ouverture il y a une semaine.

A la reprise du procès après une semaine de suspension en raison d'un pourvoi en cassation, le président de la 13e chambre du tribunal correctionnel a lu l'ordonnance rendue vendredi.

La chambre criminelle de la Cour de cassation y rejette les requêtes de certains avocats de prévenus et estime que les débats devant le tribunal correctionnel peuvent se dérouler dans l'attente de leur décision au fond.

Des avocats de la défense ont cependant demandé un délai pour prendre connaissance de cette décision et préparer leur défense.

L'audience doit donc reprendre à 14H00. Des avocats ont prévu de soulever d'autres demandes de nullité. Le cas échéant, l'examen au fond du dossier pourrait commencer au mieux en fin d'après-midi.

Fruit de deux ans d'enquête, le tentaculaire dossier Canteleu, commune populaire de 14.000 habitants de l'agglomération de Rouen, illustre l'enracinement et la puissance grandissants des narcotrafics dans des petites et moyennes villes en France, dont s'inquiétait le mois dernier un rapport du Sénat.

Elue maire en 2014 et figure du socialisme normand, Mélanie Boulanger est soupçonnée d'avoir fait pression sur les services de police pour qu'ils ne gênent pas les affaires du redoutable clan Meziani, réputé pour tenir le trafic de stupéfiants dans sa ville et y faire régner la terreur.

Aux côtés de l'ancienne maire - elle a démissionné en début d'année -, le tribunal de Bobigny doit entendre pendant tout le mois de juin les principaux acteurs présumés du réseau: les têtes, leurs lieutenants, des fournisseurs et des blanchisseurs.

L'affaire avait débuté en septembre 2019 avec l'arrestation sur un parking de Saint-Denis de deux individus procédant à une transaction de drogue.

L'un était porteur de 50.000 euros en liquide, l'autre de 2 kg de cocaïne pure à 80%.

Les investigations sur l'acheteur avaient rapidement amené les policiers de Seine-Saint-Denis à Canteleu, base de la famille Meziani, soupçonnée d'être l'un des principaux acteurs du trafic de drogue en région rouennaise.

Selon l'enquête, la fratrie a soufflé le chaud et le froid sur l'élue, via son adjoint Hasbi Colak, également poursuivi.

L'enquête, riche en sonorisations et en écoutes, a mis au jour un important réseau d'importation et de vente de stupéfiants, aussi bien de cannabis que d'héroïne et de cocaïne.

Selon les estimations des policiers, leur organisation a engrangé plus de 10 millions d'euros de bénéfices annuels rien que pour la cocaïne et l'héroïne.

La décision du tribunal est attendue fin juin.

© Agence France-Presse