Assemblée: un drapeau palestinien brandi une nouvelle fois dans l'hémicycle

La députée LFI Rachel Keke brandit un drapeau palestinien dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale le 4 juin 2024 à Paris

By Stéphanie LEROUGE

Paris (AFP) - La question palestinienne s'est de nouveau invitée mardi à l'Assemblée: plusieurs députés de gauche se sont présentés habillés aux couleurs du drapeau palestinien lors de la séance des questions au gouvernement, tandis que la députée LFI Rachel Keke a brandi un drapeau de ce peuple, provoquant une suspension de séance.

A l'ouverture de la séance, plusieurs dizaines de députés écologistes, communistes et LFI se sont assis dans les tribunes habillés en noir, rouge, blanc et vert.

"L'hémicycle est le lieu du débat, le lieu du débat démocratique et l'expression des parlementaires s'effectue exclusivement à l'oral", a réagi la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, en laissant les débats se poursuivre.

En réponse, des députés LR et Renaissance ont ceint leur écharpe tricolore.

Les échanges se sont envenimés lorsque Rachel Keke a brandi un drapeau palestinien, reproduisant le geste de son collègue LFI Sébastien Delogu la semaine dernière.

Mme Braun-Pivet a immédiatement prononcé un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal - la plus forte sanction prévue au règlement de l'Assemblée qu'elle peut décider de son propre chef - et décidé une suspension de séance.

Dans la foulée, les députés ont entonné sur tous les bancs la Marseillaise.

La séance a ensuite pu reprendre dans le calme. Mme Braun-Pivet a indiqué que le bureau se réunirait ultérieurement pour décider éventuellement d'une sanction plus lourde à l'encontre de Mme Keke.

La semaine dernière, le député Sébastien Delogu avait écopé de 15 jours d'exclusion après avoir brandi un drapeau palestinien dans l'hémicycle. L'épisode avait embrasé le Palais Bourbon, des députés échangeant de très vifs propos salle des Quatre-Colonnes.

\- "Politique spectacle" -

Mardi, plusieurs députés de la majorité ont manifesté leur désapprobation auprès de la presse. "C'est de la politique spectacle, ils ne font pas progresser la paix d'un millimètre", a réagi le député Renaissance Mathieu Lefèvre, président du groupe d'amitié France-Israël.

"C'est interdit. Je sais qu'il y a un problème entre LFI et les règles. Mais ils n'ont pas à brandir un drapeau étranger dans l'hémicycle", a de son côté commenté le RN Franck Allisio.

"Après ce qui s'est passé (à Rafah) il était important de réaffirmer un soutien au peuple palestinien. Une autre voix est possible en France, elle s'exprime aussi par des symboles comme celui-ci", a justifié la députée écologiste Sabrina Sebaihi, robe verte, veste noire et keffieh autour du cou.

Plusieurs députés ont interpellé le gouvernement sur le conflit à Gaza et la reconnaissance de l'Etat palestinien.

"Je pense que tous les membres de cette assemblée sont profondément choqués, profondément attristés par le sort des civils et des enfants dans la bande de Gaza. Nous ne faisons pas de différence entre les vies humaines de part et d'autre de la frontière et nous sommes tout entier attachés à ce que cette situation puisse cesser", a répondu Jean-Noël Barrot, ministre chargé de l'Europe.

"Mais vous voyez, madame la députée, si vous êtes attachés à faire cesser cette situation, la meilleure des choses à faire, ce n'est pas de violer les usages de cette assemblée, de venir brandir un drapeau ou de s'accoutrer d'une manière qui détourne ce qui fait l'honneur de cette assemblée. C'est plutôt de tenir comme la France le fait depuis le début, depuis le 7 octobre dernier, un discours clair qui vient à la fois dénoncer les comportements du Hamas pour ce qu'ils sont et mettre une pression maximale sur le gouvernement israélien", a-t-il dit.

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