Union des marchés de capitaux : qu'en sera-t-il après les élections européennes ?

Les traders sont assis devant leurs écrans à la bourse de Francfort, en Allemagne (photo d'archives). ©Michael Probst/AP

Les citoyens des 27 pays européens se rendent aux urnes cette semaine pour élire les nouveaux membres du Parlement européen, qui procédera ensuite à la désignation de son président, première mesure prise après les élections qui se déroulent du 6 au 9 juin.

La question qui se pose est la suivante : les nouveaux dirigeants européens partageront-ils le même point de vue sur l'Union des marchés de capitaux et y aura-t-il un jour suffisamment de volonté politique pour qu'elle voie le jour ?

L'initiative de l'Union des marchés de capitaux (UMC) a été lancée par la Commission Jean-Claude Juncker, qui a adopté le premier plan d'action de l'UMC en septembre 2015. Ce plan dressait une liste de plus de 30 actions visant à mettre en place les éléments constitutifs d'un marché des capitaux intégré dans l'UE d'ici à 2019.

En juin 2024, l'objectif global de l'UMC (créer un marché unique des capitaux sur l'ensemble du territoire de l'UE, avec des investissements et de l'épargne circulant à travers les frontières) n'a pas encore été atteint.

Pourquoi une Union des marchés de capitaux est-elle nécessaire ?

Mairead McGuinness, l'actuelle commissaire européenne chargée des services financiers, de la stabilité financière et de l'union des marchés des capitaux, a déclaré dans un article du Financial Times en mars dernier que l'UE n'offrait pas suffisamment d'options de financement aux entreprises locales sur les marchés des capitaux.

Par conséquent, ces fonds vont ailleurs. Par exemple, Birkenstock, la marque allemande de chaussures, a décidé de lever des fonds en s'inscrivant l'année dernière à la Bourse de New York, plutôt qu'à celle de Francfort, de Paris ou d'Amsterdam.

Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, d'une grande entreprise européenne qui a dû aller chercher à l'étranger ce dont elle avait besoin pour trouver des financements et des ressources. Un problème qui, selon Mairead McGuinness, doit être résolu.

Elle a également souligné le retard de l'Europe par rapport aux États-Unis et à la Chine sur les marchés des capitaux, ce qui limite les perspectives des entreprises européennes qui souhaitent se développer, innover et créer des emplois dans l'UE.

Qu'est-ce qui empêche l'Union des marchés de capitaux de progresser ?

Alors que de nombreuses mesures réglementaires ont été adoptées, les intérêts nationaux des États membres ont empêché le projet d'UMC d'aller de l'avant.

La France et l'Allemagne ont manifesté leur soutien à l'UMC, tandis qu'un certain nombre de nations sont réticentes à l'idée de confier davantage de contrôle à Bruxelles. De nombreux pays s'inquiétent des coûts supplémentaires pour leurs industries financières nationales.

En conséquence, les systèmes financiers de l'ensemble du bloc restent fragmentés et les lois spécifiques à chaque pays continuent d'entraver le financement transfrontalier.

En fait, les règles d'investissement et d'insolvabilité doivent être unifiées pour faciliter les investissements transfrontaliers. Les dirigeants des gouvernements nationaux devront l'accepter pour que l'UMC voie le jour, ce qui nécessitera la même volonté politique que celle qui a présidé à la création du marché unique européen en 1993.

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