A son procès, le fils du président Biden voit sa vie déballée

Hunter Biden, fils du président américain Joe Biden, accompagné de son épouse Melissa Cohen Biden, arrive au tribunal fédéral de Wilmingon, le 5 juin 2024 dans le Delaware

By Andréa BAMBINO

Wilmington (États-Unis) (AFP) - L'ex-femme de Hunter Biden a déballé mercredi une partie de leur vie commune et évoqué l'addiction au crack du fils du président des Etats-Unis, en procès pour l'achat présumé illégal d'une arme à feu en 2018.

Hunter Biden, avocat et homme d'affaires de 54 ans reconverti en artiste, qui s'est sorti d'années de dépendance à la drogue et à l'alcool, est une cible privilégiée des adversaires de son père, Donald Trump au premier chef.

Ils le voient comme le point faible de Joe Biden, à cinq mois de l'élection présidentielle qui doit opposer les deux hommes.

Hunter Biden comparaît depuis lundi devant un tribunal pénal fédéral dans le Delaware, fief de la famille Biden, pour avoir menti sur sa consommation de drogues lorsqu'il avait acquis en octobre 2018 une arme à feu, un Colt Cobra, un délit aux Etats-Unis.

Pour le troisième jour d'affilée, la Première dame Jill Biden, belle-mère de Hunter, est venue dans la salle d'audience du tribunal à Wilmington afficher son soutien à son beau-fils qu'elle a chaleureusement embrassé.

Elle est restée une partie de la journée.

\- Pipe à crack -

Comme mardi, les débats ont porté sur les problèmes d'addiction de Hunter Biden.

Sa dépendance passée au crack n'est pas un secret mais l'accusation veut démontrer aux 12 jurés qu'il ne pouvait l'ignorer quand il a acheté l'arme en 2018.

Sa première épouse Kathleen Buhle -- ils ont divorcé en 2017 -- a raconté à la barre avoir trouvé une pipe à crack, pour la première fois le 3 juillet 2015, dans leur maison à Washington, à l'époque où Joe Biden était vice-président de Barack Obama.

"Quand ma fille se servait de la voiture, je devais vérifier qu'elle ne conduisait pas un véhicule transportant de la drogue", a-t-elle témoigné en affirmant en avoir trouvé "une dizaine de fois".

L'avocat de M. Biden a alors fait confirmer à Mme Buhle qu'elle ne le fréquentait plus beaucoup et qu'elle ne savait pas s'il était encore dépendant en octobre 2018 lorsqu'il a acheté le revolver, lequel "n'a jamais, jamais, été chargé, porté ou utilisé pendant les 11 jours où il était en sa possession" selon l'avocat.

La défense veut montrer que, cette année-là, l'accusé était dans une phase de décrochage de la drogue, avec des hauts et des bas.

Puis, le jury a entendu le témoignage de Zoe Kestan, une relation amoureuse de Hunter Biden rencontrée dans un club à New York fin 2017.

A chaque fois qu'ils se voyaient dans des hôtels ou résidences à New York, Atlantic City ou en Californie, Hunter Biden fumait du crack "toutes les 20 minutes environ", a dit Zoe Kestan, pour qui le fils cadet du président est un homme "tellement charmant et gentil" qui cherchait à décrocher sans y parvenir.

L'accusation a même fait défiler des photos où l'on voit Hunter Biden dans son bain, une pipe en verre dépassant de sa main.

\- Guéri depuis 2019 -

Mardi, l'audience avait longuement été consacrée à l'écoute d'extraits de son autobiographie, "Les Belles Choses", un livre audio devenu une pièce à charge car il y raconte justement des années d'addiction quand il "fumai(t)" du crack.

Hunter Biden avait assuré être guéri depuis 2019, mais n'avait pas coché la case "toxicomane" sur le formulaire d'achat de l'arme l'année précédente.

Objet de nombreuses controverses et de théories du complot, un ordinateur portable du fils Biden -récupéré et exploité par la police fédérale (FBI)- avait également été montré mardi par le procureur.

L'agente du FBI qui avait enquêté sur Hunter Biden, Erika Jensen, a témoigné mercredi matin.

Joe Biden, 81 ans, qui a perdu sa première femme et sa fille dans un accident de voiture en 1972 puis son fils aîné Beau Biden mort d'un cancer en 2015, avait assuré Hunter de son "amour infini" lundi dans un communiqué.

Ce dernier encourt jusqu'à 25 ans de prison mais en pratique de telles poursuites aboutissent rarement à de la prison ferme.

© Agence France-Presse