La magie des Arènes de Vérone pour exalter le chant lyrique italien

Des touristes devant les Arènes de Vérone, le 17 mai 2024

By Brigitte HAGEMANN

Vérone (Italie) (AFP) - Les Arènes de Vérone, joyau architectural de l'Empire romain, accueilleront vendredi soir un concert monumental dirigé par Riccardo Muti pour célébrer l'entrée du chant lyrique italien au patrimoine immatériel de l'Unesco.

Les grands airs d'opéra italiens seront entonnés dans ce décor majestueux par une brochette de stars internationales comme la diva russe Anna Netrebko, le ténor allemand Jonas Kaufmann, le baryton français Ludovic Tézier ou encore la soprano italienne Eleonora Buratto et ses compatriotes Luca Salsi et Francesco Meli.

Plus de 10.000 mélomanes sont attendus à cette grande fête de la musique classique dans le nord de la péninsule, au sein du plus grand théâtre en plein air du monde, pour écouter les plus célèbres pièces d'opéra ancrées dans l'imaginaire collectif italien.

Sous la baguette du maestro Riccardo Muti, 160 musiciens d’orchestre et plus de 300 choristes issus des prestigieuses scènes italiennes, dont la Scala de Milan et la Fenice de Venise, ouvrent le bal en interprétant des airs des plus grands compositeurs italiens du XIXe siècle.

A l'affiche dans la seconde partie de la soirée, des airs de Madame Butterfly, La Bohème et Tosca de Giacomo Puccini, dont l'oeuvre est célébrée à l'occasion du centenaire de sa mort, mais aussi de La Traviata et de Rigoletto de Giuseppe Verdi ou encore de Norma de Vincenzo Bellini.

Le Bel Canto italien a été intégré au patrimoine culturel de l'Unesco en décembre 2023, une décision saluée par Rome comme la reconnaissance d'une marque d'"excellence" planétaire. Il fait l'unanimité parmi les chanteurs d'opéra du monde entier.

"L'opéra italien historiquement, c'est notre aîné à tous, l'opéra est une invention italienne qui a essaimé partout dans le monde", explique à l'AFP Ludovic Tézier.

Après diverses expériences de théâtre musical au XVIe siècle, l'opéra voit le jour vers 1600 à Florence, où est fondée une académie promouvant une association innovatrice du texte chanté et de la musique.

Le premier grand compositeur a été Claudio Monteverdi (1567-1643) dont l'oeuvre "L'Orfeo", jouée au théâtre de la cour de Mantoue en 1607, est considérée par les musicologues comme le point de départ de l’opéra moderne.

\- Tel un gladiateur -

"Il y a un vrai plaisir vocal dans le chant italien car la langue italienne est elle-même extrêmement musicale et sonore", relève Ludovic Tézier.

Pour lui, les Arènes de Vérone offrent le cadre idéal pour célébrer le chant italien. "Il y a quelque chose de chaleureux, propice à l'opéra, on vit des moments vraiment magiques", assure-t-il.

"Quand vous rentrez dans l'arène, avec ce public immense en face de vous, on a un sentiment d'humilité, on a l'impression d'être tout petit, mais en même temps on se sent comme un gladiateur qui va au combat car il y a une énergie exceptionnelle qui émane de cet endroit", confie-t-il.

Cette soirée, retransmise en direct par la télévision RAI, donne le coup d'envoi de la 101e édition du Festival d'Opéra des Arènes de Vérone, qui se poursuivra jusqu'au 7 septembre et devrait accueillir au total plus de 500.000 spectateurs.

Le festival a été créé le 10 août 1913 par le ténor véronais Giovanni Zenatello qui y monta Aïda de Verdi et découvrit les qualités acoustiques miraculeuses de l'amphithéâtre de pierre.

Le 2 août 1947, Maria Callas, alors inconnue et débutante, y interpréta la Gioconda d'Almicare Ponchielli, et elle revint dans les Arènes de Vérone en 1948, 1952, 53 et 54.

Les Arènes de Vérone ont été construites au premier siècle après J.-C. pour accueillir des combats de gladiateurs, des spectacles avec des bêtes sauvages ou encore des batailles navales, bien avant de se muer en opéra en plein air.

© Agence France-Presse