Normandie: un vétéran américain centenaire et sa fiancée se sont dit "oui"

By Anaïs LLOBET

Carentan (France) (AFP) - Ils se sont dit "oui": le vétéran américain Harold Terens, 100 ans, a épousé samedi matin sa fiancée de 96 ans, Jeanne Swerlin, à la mairie de Carentan-les-Marais, près des plages où le Débarquement a eu lieu le 6 juin 1944.

"C'est le meilleur moment de toute ma vie, j'ai 100 ans et ma fiancée en a 96, et me marier ici à Carentan, c'est incroyable: c'est mon deuxième endroit préféré au monde (...) Je me sens jeune à nouveau", a dit Harold Terens à l'AFP à l'issue de la cérémonie, après avoir salué la foule au balcon.

"Ma religion est l'amour" et "l'amour" a "triomphé" de la guerre, s'est-il réjoui.

Dans la salle des mariages de la mairie, au haut plafond et aux belles poutres en bois, quand le maire, Jean-Pierre Lhonneur, demande, en anglais, à Jeanne Swerlin si elle souhaite prendre Harold Terens pour époux, la réponse fuse en français: "Oui!", s'exclame-t-elle. La salle répond par des applaudissements.

Puis Harold Terens répond par l'affirmative lui aussi. "I now pronounce you man and wife" (je vous déclare mari et femme), proclame le maire.

Les mariés, qui totalisent presque 200 ans d'âge à eux deux, s'embrassent aussi passionnément que de jeunes tourtereaux, sous les hourras de l'assemblée, tandis qu'une chanteuse, Miss Liberty, entonne un "Ave Maria".

Avant d'entrer dans la mairie, Jeanne Swerlin, en robe rose satinée, avait confié à l'AFP: "J'ai attendu 96 ans pour trouver la bonne personne et j'ai un mariage comme seuls les rois et reines en ont."

Les futurs mariés avaient fait leur entrée séparément à la mairie accompagnés par Miss Liberty, interprétant pour le marié "J'ai deux amours", une chanson de Joséphine Baker.

Sous les applaudissements, Harold Terens, dans un costume bleu clair, était entré le premier dans la salle des mariages, accompagné par ses proches.

Puis Jeanne Swerlin avait suivi sur "I will always love you" de Dolly Parton reprise par Whitney Houston, une chanson chantée a cappella.

La mairie de Carentan-les-Marais, dans le nord-ouest de la France, a mis les bouchées doubles pour accueillir ce "héros américain", en décorant les arbres et en installant un parachute de taille réduite, en référence aux GI américains parachutés le 6 juin 1944 en Normandie.

\- Champagne et petit comité -

Après la cérémonie, le champagne, offert par la mairie, a été servi aux époux et leurs invités.

"Carentan était au coeur du secteur américain de débarquement, exactement là où les troupes débarquaient", a rappelé le maire de cette commune située à 75 km au nord-ouest de Caen.

Après la cérémonie, les "jeunes mariés" ont déjeuné en petit comité, entourés de leurs proches. Une coupe de champagne à la main, la toute nouvelle "Madame Terens" a esquissé quelques pas de danse sur une chanson de Marilyn Monroe, avec sa fille.

Puis, un grand sourire aux lèvres, les amoureux ont salué la petite foule réunie devant la mairie.

Native de Carentan-les-Marais, Anne-Marie Ruffier, 66 ans, s'est levée tôt pour "assister à cet événement unique". "Une façon de remercier cet homme qui a aidé à la Libération de la France", dit-elle à l'AFP.

A côté d'elle, Pierre Le Goubey, 69 ans, venu de Roubaix, en Hauts-de-France, estime que "c'est un symbole fort: il se marie avec la France."

Le centenaire, qui vit avec sa compagne à Boca Raton, en Floride (Etats-Unis), avait envisagé de se joindre ensuite à une parade de vétérans, dans le centre de Carentan-les-Marais.

Il y a finalement renoncé, car il doit prendre la route pour "dîner avec (le président Emmanuel) Macron et le président américain Biden" à Paris, a annoncé à l'AFP son fils Bill. "Nous voulons qu'il préserve ses forces, il a été aux cérémonies (de commémoration, NDLR), c'est une semaine fatigante."

Décoré en 2019 de la Légion d'honneur française, Harold Terens a été de nouveau honoré jeudi aux côtés de nombreux autres vétérans lors des cérémonies du D-Day.

Après la Seconde guerre mondiale, il avait épousé Thelma, avec qui il a eu trois enfants. La mort de sa première épouse le laisse dévasté. Puis il rencontre trois ans plus tard Jeanne Swerlin, elle aussi veuve, et c'est le coup de foudre.

© Agence France-Presse