Au RN, l'annonce surprise de la dissolution accueillie avec des cris de joie

Des militants du Rassemblement national (RN) fêtent le score de leur parti aux élections européennes, le 9 juin 2024 à Paris

By Paul AUBRIAT

Paris (AFP) - "Dissolution! Dissolution!" A la soirée de campagne du Rassemblement national, l'annonce d'élections législatives anticipées a suscité cris de joie et effusions, où chacun s'est esbaudi du dernier coup de poker d'Emmanuel Macron.

"On repart en campagne!": coupe de champagne à la main, à peine remis du score historique obtenu par la liste du parti d'extrême droite aux élections européennes, les trois cents militants présents dans une salle du bois de Vincennes, au sud de Paris, mettent quelques secondes à comprendre le coup de tonnerre.

A l'étage supérieur, entourée d'un carré de fidèles, Marine Le Pen a déjà été mise au courant de la "rumeur" par "différentes sources", dix minutes avant l'allocution présidentielle. "Elle a réagi avec une grande satisfaction", assure un proche, alors que personne n'imaginait sérieusement que la demande de Jordan Bardella de dissolution, formulée à peine une heure plus tôt, ne soit acceptée si promptement.

"On est quand même surpris", confirme le député du Gard Nicolas Meizonnet. "Il est étonnant, cet Emmanuel Macron, j'aurais pas pensé qu'il le fasse...", sourit celui qui sera bien entendu candidat à sa propre succession.

Dans les travées de la salle des fêtes, Alexandre Varaut, qui vient d'être élu eurodéputé, demande confirmation: "Il a bien dit le 30 juin pour le premier tour? Ah, moi j'ai ma fille qui se marie le 29, ça ne m'arrange pas...", maugrée celui qui constate "que le président de la République ne nous déçoit jamais".

A quelques mètres de lui, une autre nouvelle eurodéputée, Malika Sorel, agite frénétiquement un drapeau français en chantant à tue-tête la Marseillaise. Selon un cadre du parti, aucun élu de dimanche soir ne devrait être candidat dans trois semaines, priés de siéger à Strasbourg "comme prévu".

\- "Qu'ils viennent me chercher" -

Au Rassemblement national, à qui un sondage publié cet hiver donnait une majorité à l'Assemblée nationale en cas de dissolution, on assure en tout cas être "prêt" à cette nouvelle campagne, fort d'un "Plan Matignon" déjà dans les cartons, préparé de longue date pour parer l'hypothèse.

Les grandes manœuvres ont en tout cas déjà commencé: un bureau exécutif a été convoqué au siège du parti à 22H30, même si "on sait à peu près qui mettre dans les 577 circonscriptions", assure le député Alexandre Lobet, qui a dirigé la campagne européenne victorieuse de Jordan Bardella.

Les documents de campagne doivent par ailleurs être prêts "cette semaine".

Qui, en cas de victoire, pour devenir Premier ministre? "A priori Jordan Bardella", annonce de son côté l'un des principaux conseillers de Marine Le Pen, Philippe Olivier, également son beau-frère.

Selon lui, "le roi est nu". "Nous, on va gouverner. Et pas comme Chirac face à Mitterrand", référence à la première cohabitation de 1986, lorsque le patron de la droite avait dirigé le gouvernement sous le président socialiste. L'expérience n'avait d'ailleurs pas été concluante: deux ans plus tard, lors de l'élection présidentielle, le Premier ministre s'était lourdement incliné face au chef de l'Etat sortant.

"Emmanuel Macron nous dit: +Qu'ils viennent me chercher+? Et bien on va aller le chercher", poursuit ce stratège en chef qui entend mener "une campagne extrêmement politique, sur l'idée d'une grande alternance", en se disant en outre "prêt à faire des alliances".

Devant une salle qui s'est subitement vidée peu avant 22H00, une autre figure du parti roule encore des mécaniques: "Il pense nous prendre par surprise? Il se trompe: on est prêt".

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