Marine Le Pen et ses alliés se réunissent à Bruxelles après les européennes

Marine Le Pen, leader de l'extrême droite française, et Andre Ventura, leader du parti portugais Chega, à gauche, se regardent lors d'une conférence de presse au parlement portugais. ©Armando Franca/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

Les chefs de plusieurs partis d'extrême droite, dont Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) en France et Matteo Salvini, chef de la Ligue en Italie, se réunissent mercredi à Bruxelles pour faire le point après les élections européennes.

Geert Wilders, dont le parti d'extrême droite PVV a récemment conclu un accord de coalition pour co-gouverner aux Pays-Bas, Tom Van Grieken, chef du Vlaams Belang belge, et André Ventura, chef du parti portugais Enough (Chega), devraient également participer aux discussions, les partis d'extrême droite tchèque, autrichien et danois seront également représentés.

L'extrême droite est sortie renforcée des élections européennes

Le groupe Identité et démocratie (ID) compte actuellement sept partis et 59 députés et a fait jusqu'à présent l'objet "d'un cordon sanitaire" du reste du Parlement européen en raison de ses positions anti-islam, anti-immigrés, anti-UE ou anti-environnement de ses membres. Forts du succès du RN lors des européennes, avec plus de 31% de voix obtenues, ces partis souhaitent désormais peser davantage dans les choix européens.

"C'est la première réunion politique significative (...) et le souhait de Matteo Salvini, qui verra les alliés, en commençant par Marine Le Pen, est de créer la base d'une large alliance de centre-droit sans les socialistes et les éco-extrémistes", précise la Ligue.

L'extrême droite est sortie renforcée des élections européennes qui se sont achevées dimanche, mais elle reste divisée au sein du Parlement européen en deux groupes : ID et les Conservateurs et réformistes européens (ECR), qui abritent notamment les Frères d'Italie (FdI) de Giorgia Meloni et le parti espagnol Vox. Bien qu'ils ne soient pas sortis renforcés comme prévu des élections européennes de la semaine dernière, ils pourraient devenir la troisième, voire la deuxième force politique du Parlement européen s'ils venaient à fusionner.

S'adressant à Euronews mardi, Tom Vandendriessche, eurodéputé du parti belge Vlaams Belang, a déclaré : "nous sommes en train de discuter avec tous les partis de l'Union européenne. Nous sommes en train de discuter avec tous nos amis et partenaires. En tant que Vlaams Belang, nous sommes ouverts à toute discussion sur l'élargissement du groupe."

Quelques jours avant le scrutin européen, Marine Le Pen a déclaré aujournal italien Corriere della Sera qu'elle cherchait à obtenir le soutien de la Première ministre italienne Giorgia Meloni pour unir son propre groupe ID et l'ECR des Frères d'Italie en un supergroupe d'extrême droite.

La démarche est considérée comme risquée pour Giorgia Meloni, qui entretient une relation étroite avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et qui pourrait perdre une occasion de consolider son influence sur la scène européenne si elle s'ouvre à des forces plus radicales.

La décision du président français Emmanuel Macron de convoquer des élections législatives anticipées a également radicalement changé les enjeux, Marine Le Pen ayant l'occasion de prendre le contrôle de l'Assemblée nationale et d'installer son protégé de 28 ans, Jordan Bardella, au poste de premier ministre de la France.

Cela pourrait donner au RN de Mme Le Pen un facteur d'attraction encore plus important dans les tentatives de formation d'un supergroupe d'extrême droite. Le parti Fidesz de Viktor Orbán est également sans groupe parlementaire au Parlement européen et pourrait potentiellement renforcer un tel supergroupe de 11 sièges.

De profondes divergences sur l'Ukraine et un sentiment pro-russe

Mais l'union de ces forces d'extrême droite est plus complexe qu'il n'y paraît. Une question en particulier, le conflit en Ukraine, a révélé un profondes divergences. Certains partis du groupe ID, notamment le Parti autrichien de la liberté (FPÖ), sont considérés comme pro-russes et opposés au soutien militaire et financier de l'UE à Kyiv.

Le parti allemand Alternative für Deutschland (AfD) a également été exclue du groupe le mois dernier à la suite d'une série de scandales, notamment des soupçons d'espionnage pour le compte de la Russie et de la Chine.

Les partis du groupe ID ont récemment fait des tentatives calculées pour adoucir leur position sur des questions clés de division telles que le soutien à l'Ukraine et le sentiment anti-européen.

Dans une interview accordée à Euronews le mois dernier, Anders Vistisen, responsable de la campagne européenne de l'ID, a vivement critiqué l'Union européenne pour ce qu'il a appelé son incapacité à "prendre le relais" en fournissant à Kyiv l'aide militaire et l'équipement dont elle a besoin pour résister à l'invasion de la Russie.

Des leaders comme Le Pen et Wilders ont également fait marche arrière après avoir laissé entendre qu'ils quitteraient le bloc des 27 pays s'ils arrivaient au pouvoir dans leur pays.

À l'approche des élections législatives anticipées en France, le parti de Mme Le Pen a même pris ses distances avec ses homologues de la droite radicale, tels que la Reconquête d'Éric Zemmour, tout en essayant de s'assurer l'allégeance de ses partenaires du centre-droit.

Les forces centristes et de gauche ont mis en garde les forces traditionnelles de centre-droit de l'Europe contre le fait d'être courtisées par des partenaires radicaux, avertissant que cela pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour l'Ukraine et pour la propre stabilité géopolitique de l'Europe.

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