Législatives: Attal dans "l'action", négociations à gauche et guerre à droite

Gabriel Attal à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, le 3 juin 2024

By Anne RENAUT et Baptiste PACE

Paris (AFP) - Gabriel Attal a lancé jeudi dans le Pas-de-Calais la campagne de la majorité présidentielle sur le terrain, et s'est dit "favorable" à un débat télévisé avec Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon, le leader insoumis déclinant l'invitation et laissant la main aux chefs des partis de gauche.

"Sur le principe", le Premier ministre est "favorable" à un débat avec ses concurrents RN et LFI, a-t-il dit à Boulogne-sur-mer.

Ce débat doit opposer ceux "qui ont été plus ou moins identifiés comme potentiellement Premier ministre à l'issue de ces élections, M. Bardella pour l'extrême droite et ses alliés, M. Mélenchon pour l'extrême gauche", a-t-il lancé, en brocardant "l'accord de la honte" entre LFI et les autres formations de gauche.

Le nouveau "Front Populaire", le nom de l'alliance de gauche reformée en urgence depuis la dissolution "n'a pas encore désigné son candidat Premier ministre, a dit Jean-Luc Mélenchon, entré dans la campagne à pas feutrés. "C'est donc aux chefs des grands partis de notre coalition d'aller à ce type de débats", a-t-il fait valoir.

La campagne commence dans un contexte économique toujours plus incertain. Signe des inquiétudes des investisseurs, le taux d'emprunt à dix ans de la France continue d'augmenter depuis la dissolution et l'écart avec l'Allemagne a atteint son plus haut depuis 2017.

Dans le Pas-de-Calais, Gabriel Attal a été davantage interpellé sur des sujets du quotidien comme les inondations, les heures supplémentaires des professeurs ou la réforme de l'assurance chômage, contestée à gauche, qui fera bien l'objet d'un décret "d'ici au 1er juillet".

Parallèlement, la majorité, ébranlée par la dissolution et par la sévère défaite aux européennes, a dévoilé une deuxième vague d'investitures, dont celle du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné dans les Hauts-de-Seine.

\- Qui pour Matignon ? -

A gauche, les négociations entre les différentes formations du nouveau Front populaire se poursuivent sur la répartition des circonscriptions, le communiste Fabien Roussel tenant à se montrer "optimiste".

"Les débats sont un peu tendus, il faut choisir les meilleurs d'entre nous pour aller gagner face aux candidats RN", a souligné M. Roussel.

Reste la question brûlante du candidat pour Matignon. Jean-Luc Mélenchon, dont les excès rhétoriques indisposent l'électorat modéré, n'a pas fermé la porte. "Capable" d'être Premier ministre, "je ne m'élimine pas mais je ne m'impose pas", a-t-il déclaré.

"Je ne le disqualifie pas, je dis juste que ce choix sera un choix collectif", a réagi le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

"La nouvelle coalition devra choisir en son sein celui qui est le plus en mesure de réparer" un "pays très fracturé", ce qui "suppose un profil, non pas le plus clivant, mais qui permette de fédérer le pays", a expliqué le patron du PS, qui a obtenu un net rééquilibrage des investitures en sa faveur.

Un autre Insoumis, François Ruffin, est également disponible. "Je m'en sens capable aussi. Si jamais il y a un consensus sur un nom, je suis prêt à prendre la place qu'on voudra pour transformer la vie des gens", a-t-il déclaré.

La députée socialiste Valérie Rabault a de son côté plaidé pour "une candidature féminine", n'excluant pas la sienne auprès de l'AFP.

\- Ciotti déjeune avec Bardella -

A droite, le feuilleton continue. Exclu de son parti mercredi par un bureau politique dont il conteste la légitimité et donc la validité de la décision, Eric Ciotti s'est rendu jeudi matin sans entrave à son bureau du siège du parti, au milieu d'une forêt de caméras.

Le tribunal judiciaire de Paris examinera vendredi le recours d'Eric Ciotti contre son exclusion des Républicains, a-t-on appris de source judiciaire.

Celui qui a conclu une alliance avec le RN a déjeuné avec Jordan Bardella, et a martelé son soutien à une "union des droites".

Mercredi, lors d'une journée rocambolesque, tous les cadres de LR ont décidé de confier la direction du parti à Annie Genevard et François-Xavier Bellamy et ont reconduit des candidatures de tous les députés sortants, sauf Eric Ciotti et une proche.

Mais les divergences éclatent au sein des LR sur l'attitude à adopter en cas de duel entre le Front populaire et le RN au second tour. M. Bellamy voterait "bien sûr" pour le RN alors que Florence Portelli, vice-présidente des LR, "voterait blanc".

\- Maréchal pas candidate -

La crise est aussi ouverte à Reconquête!, qui a exclu la tête de liste aux européennes Marion Maréchal. Elle a accusé Eric Zemmour de vouloir présenter des candidats face au RN et assuré refuser de "participer à une énième division des droites".

"Je n'ai en aucun cas rallié ou rejoint le Rassemblement national", a insisté la nièce de Marine Le Pen sur TF1, affirmant qu'elle ne serait pas candidate aux législatives et assurant n'avoir pas négocié de poste au sein d'un éventuel gouvernement d'extrême droite.

La porte est en revanche ouverte pour ses proches, dont certains l'ont suivie dans son départ: Guillaume Peltier et Nicolas Bay, vice-présidents de Reconquête!, ainsi que Laurence Trochu.

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