Les fabricants de spiritueux entre ventes en baisse, menaces de sanctions et dissolution

Les fabricants français d'alcools forts s'attendent à une nouvelle année difficile

Paris (AFP) - La consommation de spiritueux fléchit, la menace de sanctions chinoises ou américaines plane, les coûts de production restent élevés, la dissolution de l'Assemblée crée des incertitudes: les fabricants français d'alcools forts ont indiqué jeudi s'attendre à une nouvelle année difficile.

A la maison, au bar comme à l'étranger, les ventes de whisky, rhum et cognac ont continué à se tasser en 2023, selon le bilan présenté par la Fédération française des spiritueux (FFS).

En grande distribution, elles ont reculé pour la troisième année de suite (-4,3% en volume), indique l'organisation professionnelle.

Dans les cafés, hôtels et restaurants, la consommation est repartie à la baisse (-2%) après le rebond post-Covid-19.

La chute a été encore plus brutale à l'export (-13,2%), où part environ 50% de la production française.

Les fabricants ont peu augmenté leurs prix: en supermarchés, les bouteilles se sont renchéries de 4% quand l'inflation alimentaire bondissait de 12%

Mais les spiritueux coûtent généralement plus chers que le vin ou la bière, et quand le consommateur doit faire des arbitrages, "ce sont les catégories aux prix affichés les plus élevés qui en souffrent", constate Thomas Gauthier, directeur général de la FFS.

Concernant la situation politique en France, l'organisation ne souhaite pas s'exprimer directement. Mais interrogé sur la proposition du Rassemblement national d'un moratoire sur tout nouvel accord de libre-échange, le président de la FSS, Jean-Pierre Cointreau, répond: "C'est toujours dans les périodes de libre-échange que la profession et les opérateurs ont pu se développer".

La FFS se prépare par ailleurs à recommencer auprès des futurs députés le travail déjà effectué sur des mesures concernant le secteur.

"Les risques ont rarement été aussi élevés et aussi variés pour le secteur; face à cette situation, on a besoin de visibilité, de stabilité", a souligné Thomas Gauthier en évoquant notamment la fiscalité.

Le secteur craint par ailleurs la multiplication des "épées de Damoclès" pouvant ébranler les exportations, entre une enquête chinoise visant les eaux-de-vie européennes et la présidentielle américaine, après laquelle pourraient revenir des sanctions contre des spiritueux européens.

Ces éventuels accrocs s'ajoutent aux coups durs des dernières années (dont l'explosion des coûts du verre ou des produits agricoles) et à la tendance confirmée d'une baisse de la consommation de spiritueux en France, notamment parmi les jeunes.

Selon la fédération, 44% des entreprises du secteur ont enregistré une baisse de leur chiffre d'affaires en 2023 et 63% ont vu leur taux de marge reculer par rapport à 2019.

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