Législatives: la gauche dévoile son programme, Les Républicains étalent leurs divisions

Manifestation contre le Rassemblement national à Nantes le 10 juin 2024

By Adrien DE CALAN

Paris (AFP) - Abrogation de la réforme des retraites, Smic à 1.600 euros, impôt sur la fortune... La gauche a dévoilé vendredi son programme commun pour les législatives, affichant son unité sous la bannière du "Nouveau Front Populaire", loin des fractures des Républicains où Eric Ciotti va contester devant la justice son exclusion.

Le texte prévoit aussi l'abrogation d'autres textes phares comme la réforme de l'assurance chômage ou la loi immigration.

Il promet l'indexation des salaires sur l'inflation, le rétablissement d'un impôt sur la fortune, "renforcé avec un volet climatique" et de "généraliser la taxation des superprofits au niveau européen"

Questions ultra-sensibles, la nouvelle coalition de gauche condamne "les massacres terroristes du Hamas" le 7 octobre en Israël et reconnait une "explosion inquiétante sans précédent" des "actes racistes, antisémites et islamophobes".

Fruit de quatre jours d'intenses tractations, ce programme de "rupture" doit être présenté à la mi-journée par les chefs des principaux partis à la Maison de la chimie à Paris.

Les ex-adversaires d'hier aux européennes ont aussi réussi à se mettre d'accord pour "défendre indéfectiblement" l'Ukraine face à la Russie. Ils réclament en outre d'une même voix "la libération des otages" détenus à Gaza et la reconnaissance "immédiate" d'un Etat palestinien, ainsi que des sanctions contre le gouvernement israélien. D'autres sujets de désaccord persistant sont en revanche laissés de côté, comme le nucléaire et l'OTAN.

Ce projet a reçu le soutien de Raphaël Glucksmann, sorti de son silence pour clamer sur France Inter que cette "union de la gauche" est "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national aux législatives.

Malgré ses profondes divergences avec LFI pendant la campagne des européennes, il s'est félicité d'avoir "obtenu" des "engagements extrêmement clairs" sur l'Ukraine, l'Europe et le conflit israélo-palestinien.

Et à ses électeurs qui se sentiraient "trahis", il a assuré qu'en cas de victoire Jean-Luc Mélenchon "ne sera pas" Premier ministre car "il faut une personne qui fasse consensus". Une qualité qui correspond mieux, selon lui, à des personnalités comme François Ruffin, Boris Vallaud, Valérie Rabault ou encore Laurent Berger.

Les partis ont cependant convenu que celui qui aura le plus de députés proposera un candidat, ce qui avantage a priori LFI, puisque le partage des circonscriptions lui en accorde 229, contre 175 au PS, 92 aux Ecologistes et 50 aux communistes.

\- "Gouvernement d'union nationale" -

A droite, au contraire, Les Républicains n'en finissent pas de se déchirer. Après avoir exclu leur président Eric Ciotti mercredi, les membres du bureau national se sont à nouveau réunis en visio tôt vendredi matin pour "valider" cette décision.

Juste avant que le tribunal judiciaire de Paris examine le recours de M. Ciotti contre son éviction, dont il conteste la légalité. Répudié pour avoir conclu un accord électoral avec le Rassemblement national, le député sortant des Alpes-Maritimes a déjeuné jeudi avec ses nouveaux alliés Marine Le Pen et Jordan Bardella.

Le président du RN a annoncé sur BFMTV que le parti d'extrême droite présentera "un candidat commun" avec LR "dans 70 circonscriptions".

Parmi ces prises de guerre figureront la conseillère régionale d'Ile-de-France Babette de Rozière et des "anciens ou actuels élus LR de Paris", a précisé Sébastien Chenu sur France 2. Le parti à la flamme va également investir l'ancien magistrat Charles Prats, l'ex-éditorialiste de CNews Guillaume Bigot, ou encore une "ancienne députée Renaissance en Rhône-Alpes", a ajouté le vice-président du RN.

Il faudra s'attendre à "un certain nombre de surprises dimanche" lors du dépôt des listes, a prévenu Mme Le Pen lors d'un déplacement dans son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). "Nous avons la possibilité de gagner ces élections et de faire un gouvernement d'union nationale", a-t-elle insisté, renvoyant sur son poulain Jordan Bardella la responsabilité de "choisir son équipe".

Le candidat désigné du RN pour Matignon en cas de victoire sera lui aussi en campagne cet après-midi dans une exploitation agricole du Loiret.

\- "Pas prêts du tout" -

Le Premier ministre Gabriel Attal était, lui, à La-Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique), où il a dénoncé "des accords de boutique" à droite comme à gauche.

Parfois coupé par des militants de gauche qui scandaient "Assez des 49.3", il a dit préférer se concentrer sur le pouvoir d'achat ou la sécurité, sujets sur lesquels il entend "aller beaucoup plus fort" durant la campagne.

Il doit ensuite se rendre dans une entreprise en banlieue de Nantes, pour parler économie.

La veille, Emmanuel Macron a lui convoqué l'argument des Jeux olympiques pour défendre sa majorité.

Les Français "n'ont pas envie d'avoir des Jeux olympiques qui se présentent mal", a ajouté le chef de l'Etat, en marge du G7 en Italie.

Le chef de l'Etat ne "croit pas", par ailleurs, être affaibli à l'international malgré la menace d'une cohabitation avec l'extrême droite.

"Mes interlocuteurs" du G7 "sont tous des élus démocratiques. Ils ont tous dit: +C'est courageux+", a-t-il affirmé devant des journalistes, à propos de la dissolution de l'Assemblée nationale et de la convocation de législatives anticipées.

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