Euro d'escrime: double dose d'or par équipes, sabreuses et épéistes titrés

Les sabreuses de l'équipe de France d'escrime de gauche à droite: Manon Apithy Brunet, Caroline Queroli, Sarah Noutcha, Cecilia Berder titrées lors de l'Euro d'escrime à Bâle en Suisse le 22 juin 2024

Bâle (Suisse) (AFP) - La Marseillaise bloquée en replay. L'escrime française a fait résonner deux fois l'hymne samedi à une dizaine de kilomètres de ses terres à Bâle avec deux titres européens: de ses sabreuses puis de ses épéistes, pleins de promesses à cinq semaines des JO.

Malgré les absences et les dissensions aussi, les bretteurs tricolores, avec leurs troisième et quatrième médailles d'or de la semaine, sont montés sur tous les podiums par équipes avant la dernière journée de compétition.

Même privées de leur N.1 mondial du sabre Sara Balzer et du meilleur épéiste français Yannick Borel, préservés en raison de blessures, les équipes de France ont fait un carton plein dans la Halle Saint-Jacques samedi.

Dans une trame que ne renieraient pas les scénaristes de Game of Thrones, la bande de Manon Apithy-Brunet a renversé (45-44) l'Ukraine de la quadruple championne du monde Olga Kharlan.

Sarah Noutcha, sélectionnée en tant que remplaçante aux JO, a endossé le rôle de finisseuse de son amie Balzer. Menée 44-42, la tireuse de 24 ans a remonté l'Ukrainienne aux quatre médailles olympiques.

\- "J'ai cru qu'on passait à la trappe" -

"Honnêtement, j'ai vraiment cru qu'on allait passer à la trappe", reconnaît Cécilia Berder.

"Je n'avais vraiment plus la lucidité de savoir ce qui marchait ou pas, raconte à propos de sa remontée Sarah Noutcha. J'ai regardé Manon, concentrée sur ce qu'elle me disait et j'ai appliqué bêtement. Je lui ai laissé les commandes."

Le samedi des Bleus de l'épée a lui défilé sans frayeur: ils ont surclassé (45-24) les champions du monde italiens dans une revanche de la finale mondiale de Milan l'été dernier. Epilogue d'une journée traversée avec des succès d'au moins douze touches d'écart à chacun de leurs quatre matches.

"Ça donne beaucoup de confiance. C'est la nation numéro deux mondiale et nos adversaires principaux aux Jeux", retient Paul Allègre. "A la fin du match, ils ont peut-être laissé filer certaines touches parce que le score est quand même très, très sévère. Ça arrive assez rarement."

Ils ont aussi démontré une étonnante capacité à faire abstraction du conflit entre la Fédération française et le trio de frondeurs Cannone, Borel et Alexandre Bardenet.

Un malaise dont l'acmé a été atteinte avec la non sélection pour les JO d'Alexandre Bardenet, soutenu par ses deux frères d'armes.

D'autant que Bardenet, qui conteste son absence devant le Comité olympique français (CNOSF), a été rappelé à la dernière minute pour remplacer Yannick Borel, souffrant d'une gêne musculaire bénigne à l'ischio-jambier droit.

Remplaçant en Suisse, il n'a pas disputé la moindre seconde d'assaut en terre helvétique.

"Peut-être que dans dix ans, on ne se souviendra pas que je n'ai pas tiré, sourit-il. Je suis très satisfait et encore plus content de l'ambiance entre nous. C'était le point clé et ça prouve que l'ambiance entre les tireurs, malgré le contexte, n'a jamais été érodée."

"Alexandre s'est intégré de la meilleure des manières. Il était très positif sur le banc avec les coéquipiers. C'était ça, le plus important", juge le manager général de l'épée hommes Gauthier Grumier. "S'il ne veut pas me parler, ce n'est pas grave."

Le sacre en individuel de Luidgi Midelton, la "révélation de la saison" dixit Grumier, et celui décroché par équipes avec le concours de Paul Allègre, vainqueur de tous ses relais en finale (+7), confortent ses choix.

S'ils ont remporté le titre mondial en 2022 au Caire, les épéistes français n'avaient plus trôné sur le toit de l'Europe depuis 2016.

Homme de statistiques, Gauthier Grumier pourra observer que cette année-là, ils avaient été sacrés champions olympiques à Rio. Il en sait quelque chose: il était sur la piste, aux côtés de Yannick Borel, déjà.

"J'espère que ce sera la même chose, réagit Cannone. Mais il ne faut pas se porter l'oeil."

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