Cyndi Lauper, toujours irrévérente, se prépare à faire ses adieux

Cindy Lauper aux 60e Grammy Awards le 28 janvier 2018 à New York

By Eric RANDOLPH

Paris (AFP) - Ses tubes au succès planétaire ont fait d'elle une icône punk et féministe: aujourd'hui âgée de 71 ans, Cyndi Lauper, l'interprète de "Girls Just Wanna Have Fun" (1983), a décidé qu'il était temps de dire adieu.

Ses adieux, c'est en musique qu'elle compte les faire, avec une tournée mondiale qui commencera en Amérique du Nord, à partir d'octobre, avant de gagner l'Europe en février, annonce-t-elle à l'AFP. Elle sera à Paris le 28 février.

Pour des générations d'hommes et de femmes, elle est restée la femme à la longue crinière blonde et à l'attitude irrévérencieuse. Au total, elle a vendu plus de 50 millions d'albums grâce à des succès comme "Time After Time" et "True Colors".

Plus discrète ces dernières années, elle avait remporté en 2013 le Tony Award (récompensant le théâtre américain) pour la bande originale de la comédie musicale de Broadway "Kinky Boots".

QUESTION: Vous avez été renvoyée de deux écoles lorsque vous étiez une jeune fille. D'où vient cet esprit de rébellion ?

REPONSE: Ce n'était pas moi: c'était eux ! Je me suis opposée à un prêtre qui avait dit que ma mère irait en enfer. Qui peut dire à un enfant de huit ans que sa mère ira en enfer ? La deuxième fois, j'ai demandé à une religieuse si elle avait toujours ses règles, et ils m'ont jetée dehors. Je voulais rentrer chez moi parce que dans cette école... certaines personnes ne devraient pas s'occuper d'enfants.

Q: Est-ce que vos tubes vous semblent toujours dans l'air du temps lorsque vous les jouez en concert ?

R: Chaque fois, c'est un peu différent, mais ce que les gens viennent vraiment chercher, c'est un goût du passé. Ils veulent entendre ce dont ils se souviennent. Si vous pouvez ajouter un petit quelque chose, c'est bien.

Entre le rythme et le son, on peut parfois perdre totalement le contrôle. C'est ce qui fait le sel de la performance je trouve car, selon moi, les gens chantent pour s'évader.

Quand j'étais enfant, la dame qui habitait à quelques mètres de chez moi faisait une sauce tous les dimanches, nettoyait toute la maison et s'asseyait l'après-midi pour jouer de l'accordéon, et elle jouait toujours "Volare". Adolescente, je me disais : +Tuez-moi maintenant ! Combien de fois faudra-t-il qu'on me rappelle que je suis italienne ?!+ Mais maintenant, je réalise ce qu'elle jouait vraiment: +Mon cœur a des ailes+. Quand les chanteurs arrivent à leur summum, je crois qu'ils volent à l'intérieur d'eux-mêmes.

Q : Qu'est-ce qui vous a poussé à militer pour les droits des homosexuels ?

R : Je suis une amie et un membre de la famille de cette communauté. On ne reste pas les bras croisés face aux discriminations dont sont victimes les membres de sa famille. Beaucoup de progrès ont été fait mais il y a aussi eu beaucoup de reculs, de peur et de colère. Je me tiens à côté de ma sœur Ellen, qui fait partie de cette communauté. Je n'aurais jamais pu faire quoi que ce soit sans elle.

Q : Quel est le plus beau souvenir de votre carrière ?

R : J'ai dû me battre pour obtenir ce que je voulais, parce qu'on ne me l'a pas donné. Je n'ai pas saisi certaines opportunités parce que je voulais que les choses se passent d'une certaine manière. J'ai toujours gardé à l'esprit la raison pour laquelle j'ai commencé à faire de la musique: me sentir libre.

Le prix qui a le plus compté pour moi est probablement celui de femme de l'année en 1984 décerné par Ms. magazine, lancé par (l'icône féministe) Gloria Steinem. En grandissant, elle a été une figure importante pour moi.

Je n'ai pas gagné beaucoup de Grammy, probablement parce que je n'ai jamais compté jusqu'à 10 avant de parler - peut-être que cela aurait été une bonne idée.

© Agence France-Presse