Narcotrafic à Canteleu: un an de prison avec sursis requis contre l'ex-maire pour complicité de trafic de stupéfiants

L'ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger arrive au tribunal de Bobigny le 27 mai 2024

Bobigny (AFP) - Le parquet de Bobigny a requis lundi un an de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité à l'encontre de l'ex-maire de la petite ville de Canteleu (Seine-Maritime), Mélanie Boulanger, poursuivie pour complicité de trafic de stupéfiants.

L'élue socialiste de 47 ans, qui a démissionné en février du mandat qu'elle détenait depuis 2014, dément tout acte qui aurait favorisé les affaires du clan Meziani, propriétaire présumé du trafic de drogues de la ville normande.

La procureure a également requis 18 mois de prison avec sursis à l'encontre de son adjoint et amant à l'époque des faits, Hasbi Colak, qui servait d'"émissaire" entre les chefs présumés du trafic et la maire.

"Les mairies, en tant que premier échelon local de l'État, sont le premier rempart à l'infiltration des narcotrafiquants dans les institutions de la République", a asséné la procureure Alice Dubernet, en estimant que celles-ci doivent se montrer "exemplaires" dans la lutte contre la drogue.

Or pour le parquet, la transmission de certaines informations sensibles aux trafiquants par la maire sous pression, ainsi que quelques-unes de ses interventions auprès de la police locale, signent un "pacte de non-agression" avec l'organisation criminelle.

"Quand les actes d'une édile vont permettre de favoriser l'impunité de trafiquants de stupéfiants, on tombe dans la complicité de trafic de stupéfiants", a avancé la procureure dans son réquisitoire de quatre heures.

Le tribunal de Bobigny juge depuis fin mai 18 prévenus en lien avec un trafic de cocaïne, héroïne et cannabis basé à Canteleu, commune pauvre de l'agglomération de Rouen. Cette organisation générerait un chiffre d'affaires annuel de plusieurs millions d'euros.

Pour l'accusation, le trafic de cette commune de 14.000 habitants est aux mains d'une redoutable famille de Canteleu, le clan Meziani, "dans laquelle le pouvoir se transmet de frère en frère" depuis des années, a estimé la procureure Alice Dubernet.

Selon le parquet, la famille Meziani tire son "pouvoir" de son implantation dans son village d'origine du nord du Maroc qui lui offre un accès direct à la production de cannabis, et lui permet d'avoir le "monopole" du deal dans cette "narco-ville".

À l'encontre du chef de famille Aziz Meziani dit "le U", qui s'est enfui au Maroc durant l'enquête, le ministère public a requis 10 ans de prison et deux millions d'euros d'amende. Le cas de son frère Montacer a été disjoint pour raison de santé et celui-ci sera jugé à part en novembre.

Des peines allant de deux ans avec sursis à huit ans de prison ferme ont été demandées à l'encontre d'autres prévenus, dont les rôles présumés illustrent les multiples facettes d'un trafic de drogues brassant des flots d'argent: gérants, fournisseurs, financiers, propriétaires d'entreprises ou commerces blanchissant l'argent sale, transporteur, etc.

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