Immigration, Ukraine, énergie : où en est l'extrême droite française ?

Jordan Bardella, le président du Rassemblement national qui souhaite devenir premier ministre de la France ©Michel Euler/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.

Jordan Bardella, le leader du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) actuellement en tête des sondages, a dévoilé lundi les propositions de son parti sur la crise du coût de la vie, l'Ukraine et l'immigration en vue des prochaines élections législatives françaises.

Les électeurs français se rendront aux urnes les 30 juin et 7 juillet pour élire une nouvelle assemblée nationale après sa dissolution par le président Emmanuel Macron à la suite des élections européennes au début du mois.

Le Rassemblement national, qui a porté un coup dur au parti centriste de M. Macron en obtenant plus de 31 % des voix lors du scrutin européen, est en tête dans tous les principaux sondages. Selon un sondage OpinionWay pour Cnews, Europe 1 et le JDD publié vendredi, le RN pourrait obtenir 35 % des voix, devant l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (27 %) et la coalition libérale de Macron (20 %).

Euronews détaille ses propositions.

Réduire drastiquement l'immigration et les doubles frontières

L'immigration est l'un des thèmes clés de l'extrême droite. Dans son tract de campagne, le Rassemblement national affirme vouloir "stopper la submersion migratoire" en "réduisant drastiquement l'immigration légale et illégale" et en "expulsant les délinquants étrangers".

Pour mettre en œuvre ces mesures, le leader Jordan Bardella veut soumettre au Parlement une "loi d'urgence" sur l'immigration si son parti obtient la majorité absolue (au moins 289 sièges).

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision française BFMTV, M. Bardella a déclaré que s'il était intronisé premier ministre, il ferait adopter "dans les premières semaines" de son mandat "une loi sur l'immigration qui visera d'abord à faciliter l'expulsion des délinquants étrangers, en levant les contraintes administratives actuelles".

Cette loi d'urgence vise notamment à abolir le "droit du sol", c'est-à-dire le droit à la nationalité d'un pays en raison du fait d'y être né. En France, tout enfant né sur le sol français de deux parents étrangers peut obtenir automatiquement la nationalité française dès qu'il atteint l'âge de 18 ans.

La loi d'urgence sur l'immigration vise également à modifier l'aide médicale d'État (AME), une aide médicale financée par l'État pour les immigrés sans papiers.

L'AME actuelle couvre à 100 % les frais médicaux des immigrés sans papiers.

Pour le président du Rassemblement national, interrogé par la chaîne de télévision française CNews, ce fonds ne devrait couvrir que les urgences médicales et "il ne sera plus possible pour les immigrés clandestins de bénéficier de l'ensemble des soins médicaux gratuits".

M. Bardella a confirmé lundi que "les postes les plus stratégiques" du gouvernement "seront réservés aux ressortissants français", ce qui signifie que les binationaux seront exclus de l'accès à ces postes.

L'introduction d'une double frontière était une autre des propositions clés de Jordan Bardella lors de la campagne pour les élections européennes.

Cette mesure vise à limiter la circulation dans l'espace Schengen aux seuls citoyens européens et donc à empêcher les migrants arrivant sur le territoire européen de pouvoir circuler à l'intérieur de l'espace.

Pas de missiles à longue portée pour l'Ukraine

"L'Ukraine doit être en mesure de se défendre", a déclaré M. Bardella la semaine dernière lors d'une visite au salon de l'armement Eurosatory à Paris.

Depuis quelques années, le RN tente de se débarrasser des accusations de complaisance de ses membres à l'égard des Kremins.

M. Bardella n'a pas précisé le type d'aide qu'il apporterait à Kiev. Il a toutefois défini des "lignes rouges" que son parti n'est pas disposé à franchir.

Par exemple, il a refusé de fournir des missiles à longue portée et des armes capables de frapper le territoire russe.

Il a également réitéré l'opposition du mouvement d'extrême droite au déploiement de soldats ou d'instructeurs français sur le sol ukrainien, régulièrement évoqué par M. Macron.

Jordan Bardella, second left, president of the far-right National Front party, looks at a Caesar self-propelled howitzer at the Eurosatory Defense and Security exhibitionMichel Euler/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.

Le coût de la vie, une priorité absolue

M. Bardella a déclaré au journal français Le Parisien qu'en tant que premier ministre, il abaisserait la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 20 % à 5,5 % sur l'électricité et le carburant.

Pour financer cette mesure, M. Bardella souhaite mettre fin à certaines niches fiscales et réduire la contribution de la France au budget de l'UE de 2 à 3 milliards d'euros sur un total de 21,6 milliards d'euros pour la seule année 2024.

La deuxième mesure d'urgence de l'eurodéputé consisterait à lancer des négociations avec la Commission européenne pour déroger aux règles de tarification de l'électricité. Cela permettrait de "réduire les factures de 30 %", a-t-il déclaré au journal.

Cependant, il faudrait que les autres États membres de l'UE soutiennent la réforme et l'adoptent.

Critiquant les dépenses "irresponsables" du président français Emmanuel Macron, M. Bardella a confirmé qu'il souhaitait lancer un "audit des comptes de la nation".

Il a l'intention de réduire "les dépenses publiques qui encouragent l'immigration".

L'environnement et la crise climatique ne figurent pas au premier plan du programme du RN, bien qu'il s'agisse de l'une des principales préoccupations des électeurs français, selon un sondage IPSOS publié en mai .

Toutefois, la candidate a déclaré lundi qu'elle souhaitait un moratoire sur la construction de nouvelles éoliennes et se concentrer sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

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